
Urticaire chronique de l’adulte : actualités
L’urticaire chronique est une affection fréquente. Une démarche clinique rigoureuse doit éliminer dans un premier temps des affections rares telles que les syndromes auto-inflammatoires et les vascularites urticariennes qui ne sont pas sensibles aux traitements antihistaminiques. Des angiœdèmes sans urticaire doivent faire évoquer des angiœdèmes bradykiniques et éliminer les angiœdèmes par déficit en inhibiteur de la C1 estérase et les angiœdèmes des inhibiteurs de l’enzyme de conversion.
Une auto-immunité est retrouvée dans près de 50 % des urticaires chroniques spontanées et s’associe souvent à une activation de la voie extrinsèque de la coagulation. L’élévation des D-dimères, du fragment F1+2 et de la CRP constitue des marqueurs biologiques de sévérité et de durée.
Le traitement des formes résistant aux antihistaminiques à fortes doses repose sur les antileucotriènes puis sur l’omalizumab ou la ciclosporine.

Psoriasis génital chez les hommes
Le psoriasis génital est responsable d’un retentissement important sur la qualité de vie et sur la sexualité. Elle survient plus fréquemment chez les hommes qui ne sont pas circoncis. On distingue deux formes cliniques en fonction de l’absence ou non de circoncision.
La localisation génitale est parfois la seule et unique manifestation cutanée du psoriasis, ce qui peut poser des problèmes diagnostiques. La localisation génitale est souvent associée à un psoriasis inversé touchant les plis inguinaux et le pli interfessier. Une biopsie avec réalisation d’un examen anatomopathologique peut être utile en cas de doute diagnostique, en particulier en l’absence d’autres lésions cutanées évocatrices extragénitales.
Le traitement de première intention repose sur l’application quotidienne de dermocorticoïdes d’activité modérée ou forte sous la forme de crème. Il doit être associé à un certain nombre de mesures non médicamenteuses (port de vêtements non serrés, de sous-vêtements en coton, l’arrêt des topiques irritants et la réalisation d’une toilette avec un savon surgras).

Psoriasis et vulvites candidosiques
La problématique des vulvites érythémateuses prurigineuses récidivantes ou chroniques est très fréquente en pathologie vulvaire. Nous ne discuterons dans cet article que les candidoses et le psoriasis, et pas les dermites de contact ni le lichen plan érosif.
Une check-list précise lors de l’interrogatoire et de l’examen clinique permet une orientation diagnostique très avancée, le diagnostic final étant toujours confirmé par un prélèvement mycobactériologique vulvaire et vaginal.
Le traitement des candidoses récidivantes ou chroniques repose essentiellement sur le fluconazole per os. Le traitement de première intention du psoriasis génital est l’application de corticoïdes topiques avec ou sans dérivé de vitamine D.

Lichen scléreux et lichen plan génital chez l’homme
Le lichen scléreux et le lichen plan sont deux dermatoses inflammatoires fréquemment rencontrées en pathologie génitale masculine. Distinctes sur les plans clinique et histologique (malgré l’existence de formes de chevauchement entre ces deux entités), elles ont en commun :
une localisation génitale exclusive possible (prédominante pour le lichen scléreux, plus inconstante pour le lichen plan) ;
un risque d’évolution fibrosante du prépuce avec formation d’un phimosis ;
un plan de traitement faisant intervenir une corticothérapie locale très forte en première intention et une posthectomie en seconde intention ;
un caractère prénéoplasique avec un risque accru de survenue d’un carcinome épidermoïde du pénis.

Lichen scléreux et lichen plan chez la femme
Le lichen scléreux vulvaire (LSV) comme le lichen plan (LP) vulvaire sont des affections dermatologiques d’évolution chronique et récidivante dont le traitement repose sur la corticothérapie locale, en utilisant plutôt un dermocorticoïde puissant de classe 1. Une cause dysimmunitaire associée à un facteur génétique est évoquée dans l’étiopathogénie de ces deux affections.
Une prise en charge au long cours toute la vie des patientes est nécessaire pour tous les LSV et les LP de type érosif plurimuqueux ou syndrome vulvo-vaginal-gingival (VVG). En effet, des complications fonctionnelles (synéchies, atrophie anatomique…), infectieuses (surinfection des lésions, infection urinaire et/ou vaginale récidivante…) et cancéreuses peuvent survenir au cours de ces deux affections, en l’absence de traitement adapté.

Editorial
Chers collègues, Dans ce dossier, nous avons souhaité nous concentrer…

Les délires d’infestation
Les délires d’infestation concernent des patients qui ont la conviction délirante que leur peau est infestée par de petits pathogènes (en général vivants). La présence de sensations anormales, essentiellement un prurit, est associée ou non.
Il s’agit d’un trouble psychotique monosymptomatique, survenant préférentiellement chez des femmes de plus de 60 ans. Le syndrome d’Ekbom (pseudo-infestation par des parasites) devient moins fréquent, les causes d’infestation étant variées. Le “signe du spécimen”, pseudo-preuve apportée par le patient, est important. Des lésions auto-induites pour extirper l’invasion redoutée sont fréquentes.
L’évolution est généralement chronique et se complique souvent d’une dépression. La qualité de la relation médecin-malade joue donc un rôle clé dans la prise en charge. Sans nier ni acquiescer au délire, il faut parvenir à prescrire un traitement antipsychotique. L’adhérence au traitement est alors excellente.

Que pouvons-nous attendre des nouvelles biothérapies dans le psoriasis ?
De nouvelles thérapeutiques immunomodulatrices sont en cours de développement avancé dans le psoriasis modéré à sévère et devraient être commercialisées dans les prochaines années. D’autres voies de l’inflammation et d’autres cytokines que le TNF et la voie IL12/IL23 sont les cibles de ces nouvelles biothérapies.
Cet article se donne pour objectif de dresser le panorama des molécules existantes, en cours d’essais thérapeutiques, et de déterminer quels nouveaux espoirs elles font naître en matière d’avancée thérapeutique.

Actualités de la maladie de Behçet
La maladie de Behçet est une vascularite systémique rare dont la prévalence est plus importante en Turquie et dans certains pays d’Asie comme le Japon ; en Europe, elle suit un gradient Nord-Sud. Son diagnostic repose sur un score clinique récemment actualisé, reposant sur l’aphtose buccale et génitale, les atteintes cutanées, ophtalmologiques, neurologiques et cardiovasculaires.
Il n’existe à ce jour aucun marqueur biologique spécifique de la maladie ; la positivité d’HLA-B51 est un marqueur génétique de prédisposition. Les progrès réalisés dans la connaissance de la physiopathologie de la maladie de Behçet ont mis en évidence le rôle de certaines cytokines pro-inflammatoires telles que le TNFα, l’IL1 ou l’IL6. Ces cytokines sont aujourd’hui ciblées par les nouvelles biothérapies et ouvrent de nouvelles perspectives dans le traitement des formes sévères et réfractaires de la maladie.

Effets biologiques des rayons ultraviolets
Les rayons ultraviolets (UV) représentent la portion du spectre solaire la plus active sur le plan biologique. Les effets biologiques des UV vont dépendre du type d’exposition et du phototype : production d’espèces réactives de l’oxygène, synthèse de prostaglandines, activation de facteurs de transcription, production de cytokines, synthèse de mélanines et de vitamine D, dégâts de l’ADN et mutations.
Les effets des UV peuvent être bénéfiques ou toxiques en provoquant des réactions de photosensibilisation et en stimulant la promotion tumorale des cancers cutanés qui est surtout due aux effets des UV sur l’immunité cutanée.
Enfin, l’exposition solaire chronique est à l’origine du photovieillissement de la peau. Ces effets doivent être pris en compte pour améliorer la photoprotection.