Les délires d’infestation

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Les délires d’infestation [1] se caractérisent par des patients qui ont la conviction délirante que leur peau (parfois leur corps voire leur environnement proche) est infestée par de petits pathogènes, en général vivants. La présence de sensations anormales, essentiellement un prurit, est associée ou non.

Ce terme doit remplacer celui de syndrome d’Ekbom [2, 3] ou acarophobie ou parasitophobie. D’une part, les pathogènes incriminés ne sont pas toujours des parasites et le sont de moins en moins dans les pays tels que la France, où les parasites ne sont pas une préoccupation dans la population générale, à la différence de l’époque où ont été décrits des syndromes par Thibierge en France (1894) ou Ekbom en Suède (1938). La description de ces pathogènes est souvent imprécise ou variable ou, bien au contraire, relate des “fibres” comme dans le syndrome des morgellons [4].

Il ne s’agit en aucun cas d’une phobie, c’est-à-dire d’un trouble anxieux au cours duquel les patients ont conscience du côté irrationnel de leur trouble. Ici, les patients ne peuvent pas remettre en cause la réalité de l’infestation. Nous sommes donc dans le domaine des troubles psychotiques ou délirants. Un aspect particulier est le non envahissement de la personnalité par ce trouble, le délire restant “enkysté” autour de ce problème et n’étant pas associé à d’autres troubles psychiatriques habituellement, à la différence des autres psychoses [5].

Clinique

Les patients concernés sont souvent des femmes à partir de 60 ans, mais il peut aussi s’agir d’hommes (sex ratio : 2,5/1) ou de sujets jeunes. Le délire est monosymptomatique, le fonctionnement cognitif et social est normal, seul un isolement pouvant s’installer. Il n’y a habituellement pas d’antécédent psychiatrique. On retrouve souvent une personnalité prémorbide, dite sensitive : il s’agit de sujets sensibles, timides, susceptibles, avec une tendance à la dévalorisation, à la dépression, peu à l’aise dans la relation à l’autre et vivant souvent les relations de manière persécutrice. Il s’agit aussi parfois de femmes, plutôt obsessionelles, actives, redoutant la saleté ou la poussière.

Le début est progressif puis le trouble psychique devient de plus en plus envahissant. Parfois, le début des troubles est brutal. Parfois, le délire suit une infestation réelle ou complique un prurit sine materia qui reste inexpliqué. On peut aussi trouver un événement déclenchant : problème de santé, déménagement,[...]

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À propos de l’auteur

Service de Dermatologie, CHRU, BREST. Laboratoire Interactions Epithéliums Neurones, LIEN, Université de BREST.