
Prise en charge de la maladie de Verneuil : quels objectifs réalistes aujourd’hui ?
La période récente a été marquée par un plus grand intérêt pour la maladie de Verneuil. Si le développement de plusieurs essais thérapeutiques dans cette pathologie peut faire espérer des objectifs thérapeutiques plus ambitieux dans un futur proche, aujourd’hui ces objectifs restent plus modestes. Une meilleure reconnaissance de la maladie de Verneuil en tant que maladie systémique et une harmonisation des pratiques associées à une optimisation de l’arsenal thérapeutique actuellement disponible doivent être des éléments majeurs pour l’amélioration de la prise en charge de nos nombreux patients fortement impactés par cette maladie très invalidante.

Impact des maladies de la peau sur le développement de l’enfant et de l’adolescent
Les liens privilégiés entretenus par la peau et le cerveau se rattachent, d’une part, à une même origine embryonnaire et, d’autre part, au rôle de la peau dans les interactions précoces parents-enfants si fondamentales dans le développement de tout individu. Ce qui justifie la traduction dans la nosographie de ces liens et dans la clinique la collaboration que dermatologue et psychiatre sont amenés à mettre en œuvre.
À partir de notre expérience de la consultation conjointe dermatologue-pédopsychiatre, nous nous sommes attachés à décrire l’impact des maladies cutanées sur les stades du développement de l’enfant et de l’adolescent en lien avec leurs parents, ainsi que l’intérêt à saisir conjointement cet impact en proposant une prise en charge complémentaire.

Lupus : que faire après les APS ?
Le lupus érythémateux cutané (LEC) est une pathologie inflammatoire parfois difficile à traiter. Le dermatologue est surtout confronté aux formes cutanées pures, dont la prise en charge est différente des formes systémiques avec atteinte viscérale.
Les antipaludéens de synthèse restent le traitement de 1re intention. En cas d’échec, il est possible de contrôler le taux sanguin d’APS et d’augmenter la posologie si besoin, l’observance étant souvent médiocre. Le thalidomide reste le traitement de 2e intention le plus efficace, mais sa toxicité en limite parfois l’utilisation. La plupart des traitements de 2e ligne sont à prescription hospitalière.

Sous les feux de l’actualité
La photothérapie dynamique réduit in vitro la charge virale HPV en induisant l’apoptose. La prise en charge des condylomes du canal anal (CCA) est souvent difficile compte tenu du taux élevé de récidive lié à la persistance post-chirurgicale de lésions latentes riches en HPV. Cette étude ouverte a inclus 19 patients. Après traitement des condylomes externes et anuscopie, plusieurs séances de photothérapie dynamique (utilisant l’application de 5-ALA au moyen de cotons-tiges) ont été réalisées. Une rémission complète clinique des CCA a été observée dans 100 % des cas, avec réduction significative du portage en HPV au sein du canal anal. Aucune récidive n’a été observée à 6 mois de suivi.

Un accident de photothérapie UVB
Il s’agit d’un patient âgé de 39 ans, de phototype II, sans antécédents notables, qui consulte le dermatologue pour une éruption quasi généralisée épargnant le visage et les extrémités. Le diagnostic de psoriasis en gouttes disséminé est porté par notre confrère, sans facteur déclenchant retrouvé à l’interrogatoire. Une décision de photothérapie UVB est prise (UVB-TLO1). Une information orale est prodiguée, notamment sur l’importance de garder son slip, de tenir les poignées en haut de la cabine et des lunettes de protection sont fournies par le dermatologue. Une pancarte de grande taille présente près de la cabine précise les précautions à prendre vis-à-vis du soleil et des médicaments photosensibilisants.

Fiche de dermoscopie n° 15
Il s’agit d’un homme de 49 ans, de phototype IV avec une bonne aptitude au bronzage. Il n’a jamais vécu outre-mer, n’a jamais fait d’UV artificiels, son activité professionnelle est à 100 % intérieure et ses loisirs ensoleillés sont modérés. Il n’a pas d’antécédent dermatologique personnel ou familial et consulte en raison de la modification spectaculaire d’une lésion pigmentée initialement brune, plane et stable de la face antérieure de la jambe gauche connue depuis au moins 10 ans. Il avait toutefois noté, il y a plusieurs années, l’apparition d’une zone plus sombre au centre. Brutalement, il y a 6 mois, la lésion est devenue en relief tout en conservant à peu près le même diamètre. Depuis, la lésion n’est ni douloureuse ni prurigineuse mais elle saigne facilement au contact (fig. 1).

Quand envisager un traitement systémique de la dermatite atopique chez l’adulte ?
Il existe en France une sous-prescription des traitements systémiques pour les dermatites atopiques modérées à sévères de l’adulte. L’évaluation de la sévérité passe par l’utilisation de scores d’évaluation (EASI, SCORAD) et de scores patients (POEM, PO SCORAD, DLQI). Les formes modérées à sévères sont définies par un score EASI > 7, un SCORAD > 25 ou un DLQI > 5. Dans ces situations, en cas d’échec d’un traitement d’attaque topique bien conduit, en cas de consommation de plus de 90 g de dermocorticoïdes très forts par mois en traitement d’entretien ou dans certains cas d’inobservance thérapeutique, un traitement systémique est indiqué.

Quelle attitude pratique chez une femme qui perd ses cheveux ?
La plainte d’une perte de cheveux chez les patientes est fréquente et source d’une anxiété importante. Une anamnèse approfondie des antécédents médicaux, chirurgicaux, gynécologiques, dermatologiques et diététiques ainsi que des habitudes cosmétiques doit être recueillie systématiquement. Cette anamnèse, avec l’examen clinique dermatologique, suffira pour poser un diagnostic dans une grande partie des cas. L’examen sanguin apportera des informations complémentaires. Dans les cas où cela ne suffirait pas, un trichogramme, une biopsie ainsi qu’un prélèvement bactériologique et mycologique pourront être effectués. Les traitements essayés devront toujours être évalués afin d’optimiser la prise en charge de ces patientes.

Prise en charge au long cours des pemphigoïdes bulleuses
La pemphigoïde bulleuse est la plus fréquente des maladies bulleuses auto-immunes. C’est une dermatose bulleuse jonctionnelle touchant principalement les sujets âgés de plus de 80 ans et/ou porteurs de comorbidités neurologiques. Le traitement de première intention repose en France sur la corticothérapie locale très forte en schéma de décroissance très progressive sur environ 1 an.
L’évolution clinique est subaiguë et les rechutes sont fréquentes la première année.
Une collaboration étroite avec le personnel soignant prenant en charge le patient est nécessaire pour obtenir la meilleure observance thérapeutique, facteur essentiel de la rémission clinique. En cas d’échec du traitement, le dermatologue peut alors avoir recours à des traitements immunosuppresseurs de maniement parfois délicat chez ces patients fragiles.

Covid-19 : des signes cutanés témoins d’une atteinte vasculaire au premier plan
Diverses manifestations cutanées associées à la Covid-19 semblent désormais documentées. Les données restent fragmentaires et elles se vérifient ou s’infirment chaque jour. En France, les dermatologues de ville (SNDV dirigé par le Dr Luc Sulimovic), organisés sur WhatsApp, ont reçu de nombreux témoignages et ont collecté une somme d’informations venant de toute la France.
Le caractère véritablement épidémique et atypique de ces manifestations à type de pseudo-engelure était surprenant devant la douceur du climat. à l’instar d’autres manifestations viscérales, elles seraient liées à une “endothélite inflammatoire”. Les vasculopathies thrombosantes sont l’apanage des formes graves. L’hypercoagulabilité et l’inflammation sont ici au premier plan. Les observations non spécifiques (paravirales) sont semblables à celles observées au cours d’autres infections virales. Les toxidermies peuvent causer des éruptions cutanées, difficiles à distinguer des lésions induites par ce virus.
Un nombre croissant d’enfants de tous âges a été hospitalisé dans un contexte d’inflammation multi-systémique, voisin du syndrome de Kawasaki, qui est une urgence vitale.