
Prise en charge médicale des kératoses actiniques
Les kératoses actiniques sont à risque de progression vers un carcinome épidermoïde. Leur incidence est en constante augmentation du fait des habitudes d’exposition solaire et du vieillissement de la population. Il s’agit d’une pathologie chronique nécessitant des traitements itératifs. Le traitement doit se baser sur le risque de transformation, la tolérance du patient et le caractère localisé ou diffus des lésions. Le traitement associe le plus souvent le traitement de lésions localisées et celui du champ de cancérisation.

Comprendre la physiopathologie des KA : des mutations au champ de cancérisation
Les kératoses actiniques (KA) sont des lésions précancereuses liées à l’exposition solaire chronique. Leur développement est lié à l’action des ultraviolets (UV) sur la prolifération, la différenciation, l’apoptose des kératinocytes et l’immunosuppression. Les UVB et les UVA sont mutagènes. Le nombre de mutations est élévé à la fois dans les KA et dans les carcinome épidermoïdes (CE) et le phenomène de transformation des KA pourrait impliquer des altérations de régions régulatrices ou des phénomènes épigénétiques. Il existe un continuum entre KA et CE qui soulève l’importance de suivre ces malades, en particulier lorsqu’ils ont un champ de cancérisation classiquement associé à des KA multiples. La valeur pronostique de la classification clinique et histologique des KA a été remise en question et il semblerait que les CE se developpent plus souvent sur des KA fines que sur des KA épaisses. Enfin, étant donné l’importance des UV dans la formation des KAs, la photoprotection doit être systématique chez ces patients.

État des lieux de la dermatologie libérale – Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV)
Dans un contexte de pénurie médicale et plus particulièrement de dermatologues, le SNDV (Syndicat national des dermatologues-vénéréologues) a réalisé cette enquête auprès de nos confrères libéraux afin de faire un état des lieux et surtout de répondre aux questions que vous vous posez à propos de la réorganisation territoriale, afin d’améliorer le parcours de soin des patients.

KA menaçantes et terrains à risque
Le génie évolutif des kératoses actiniques (KA) est le plus souvent lent avec parfois une régression spontanée mais aussi la possibilité d’évolution rapide vers un carcinome épidermoïde (CEC) dans 10 % des cas à 10 ans. Elles sont retrouvées comme réel précurseur des CEC dans 60 % des cas et présentent alors des caractéristiques menaçantes et/ou surviennent sur des localisations ou des terrains à risque.
Des critères cliniques majeurs et mineurs les caractérisant ont été identifiés ainsi que la récidive après deux cryothérapies. Les localisations à riche réseau lymphatique, en particulier l’oreille et la lèvre inférieure, sont considérées à risque élevé d’évolution vers un CEC. Enfin, le terrain du patient est déterminant dans la possibilité de transformation en cancer cutané. En effet, la diminution des défenses antitumorales augmente le risque de CEC, en particulier en cas d’hémopathie, de gammapathie monoclonale ou de leucémie lymphoïde chronique (LLC) et expose à un risque significatif de CEC. Elle peut être également due à des traitements biologiques immunosuppresseurs, en particulier chez les greffés d’organe.

Éditorial – Kératose actinique : simple marqueur ou réel précurseur ?
Les kératoses actiniques (KA) constituent un motif de consultation de plus en plus fréquent en particulier chez sujets âgés, dont l’espérance de vie a été allongée de 25 ans en 30 ans [1].
Elles surviennent en zones photo-exposées et sont la conséquence de la dose totale cumulée d’UV reçue et signent un photo-vieillissement cutané.
Elles constituent ainsi pour beaucoup un simple marqueur, sans autres conséquences d’un dommage actinique cumulé quotidien par photo-exposition soit “subie” du fait d’une activité professionnelle photo-exposée, soit “recherchée” par une exposition volontaire au soleil [2, 3].

Urticaire au froid
L’urticaire au froid est une pathologie chronique, pouvant avoir un impact majeur sur la qualité de vie des patients. C’est l’une des rares formes d’urticaire chronique inductible pouvant mettre en jeu le pronostic vital par choc anaphylactique/vasoplégique, pouvant être évité par l’éducation thérapeutique des patients atteints d’urticaire au froid et par la prescription de stylos d’adrénaline auto-injectable. L’ensemble des éléments rapportés dans cet article émane d’un travail mené par le Centre de Preuves et le Groupe Urticaire de la Société Française de Dermatologie dont l’objectif était d’établir des recommandations françaises sur la prise en charge de l’urticaire au froid [1].

De nouvelles recommandations européennes EORTC pour le traitement du mycosis fongoïde et du syndrome de Sézary
Les lymphomes T cutanés représentent un groupe de lymphomes rares pour lesquels il existe peu de traitements reconnus. En 2022, ont été publiées des recommandations actualisées de l’ISCL (International Society for Cutaneous Lymphoma), de l’USCLC (United States Cutaneous Lymphoma Consortium) et de l’EORTC (European Organisation for the Treatment of Cancers) pour l’évaluation et la stadification des lymphomes cutanés.
Une actualisation des recommandations européennes EORTC pour la prise en charge du mycosis fongoïde et du syndrome de Sézary vient d’être publiée. Au cours des dernières années, plusieurs traitements ont été approuvés en Europe et aux États-Unis. Une étude prospective randomisée a montré l’intérêt de l’allogreffe de cellules souches.

Syphilis
La syphilis est une pathologie sexuellement transmissible d’incidence croissante, en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ses manifestations cliniques sont polymorphes et concernent majoritairement la peau et les muqueuses dont la muqueuse buccale. En effet, les formes buccales de syphilis sont assez fréquentes et souvent mal connues. Elles sont majoritairement dominées par des lésions érosives et ulcérées et par les plaques fauchées linguales. Le diagnostic de la syphilis peut se montrer difficile. Il nécessite de savoir repérer des éléments anamnestiques et épidémiologiques évocateurs, de connaître ses manifestations cliniques habituelles (bien que souvent mises à défaut) et d’être à l’aise avec l’interprétation parfois trompeuse des tests sérologiques, tout cela afin d’orienter au mieux les patients vers une prise en charge et un suivi thérapeutique adaptés.

Manifestations buccales du pemphigus profond
Le pemphigus est une maladie bulleuse auto-immune rare, débutant le plus souvent par des érosions buccales traînantes douloureuses isolées. Une bonne connaissance de ses manifestations buccales est nécessaire car elle permet de poser le diagnostic précocement et de rapidement débuter un traitement adapté. La prise en charge thérapeutique a d’ailleurs considérablement changé au cours des dernières années car le rituximab est désormais le traitement de première intention, permettant d’éviter les complications anciennement observées avec la corticothérapie générale prolongée à forte dose.

Lésions pigmentées buccales
Les lésions pigmentées de la muqueuse buccale sont souvent de découverte fortuite. Une lésion pigmentée unique peut être d’origine mélanocytaire (éphélide, lentigo, macule mélanotique, nævus, mélanome), vasculaire (varices linguales, lac veineux) ou exogène (langue villeuse, tatouage). Un mélanome doit être évoqué systématiquement, d’autant plus si la lésion est extensive et située au maxillaire supérieur. Des lésions pigmentées multiples peuvent évoquer des syndromes héréditaires (syndrome de Peutz-Jeghers notamment) ou acquis (syndrome de Laugier). Une pigmentation diffuse peut correspondre à une mélanose tabagique, une pigmentation ethnique, un lichen pigmentogène, une cause médicamenteuse ou une cause systémique (endocrinopathie, carence, hémochromatose).