La résistance des dermatophytes aux antifongiques et, en particulier, à la terbinafine, est devenue depuis quelques années un sujet croissant d’inquiétudes, générant une littérature abondante. L’émergence en Inde de Trichophyton indotineae, agent de dermatophyties étendues de la peau glabre, fréquemment résistant à la terbinafine, et sa diffusion internationale sont les motifs principaux de ces inquiétudes. La France, où des cas d’infections à T. indotineae sont régulièrement diagnostiqués, est confrontée à la prise en charge de ces dermatophyties difficiles à traiter. Des circonstances cliniques plus banales, notamment le traitement des onychomycoses, peuvent également donner lieu à des interrogations quant à une éventuelle résistance à la terbinafine en cas d’échec de traitement. Une clarification concernant les données épidémiologiques disponibles, les possibilités diagnostiques et les options thérapeutiques est nécessaire pour éviter les confusions entre des situations cliniques très différentes.

La terbinafine, de la mise sur le marché à la résistance

La terbinafine est une molécule de la famille des allylamines dont la mise sur le marché remonte au début des années 1990 (AMM en France en 1992). La cible moléculaire de la terbinafine est la squalène époxidase, enzyme intervenant dans la cascade de synthèse de l’ergostérol, composant lipidique majeur de la membrane des champignons. Elle existe sous forme topique et par voie orale. L’accumulation de la molécule dans la peau et les phanères après prise orale en fait la molécule de référence pour traiter les dermatophytes vis-à-vis desquelles elle a une activité fongicide. L’AMM de la terbinafine per os concerne en France les indications suivantes : les onychomycoses, les dermatophyties cutanées et les candidoses cutanées. Il est précisé, pour les deux dernières indications, que l’usage de la terbinafine doit être restreint[...]

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