
Fiche de dermoscopie n° 16
Il s’agit d’une femme de 34 ans, de phototype IIIb avec une aptitude moyenne au bronzage. Elle n’a jamais vécu outre-mer, n’a jamais fait d’UV artificiels, son activité professionnelle est à 100 % intérieure et ses loisirs ensoleillés sont modérés. Elle n’a pas d’antécédent cancérologique ou dermatologique personnel ou familial et consulte à la demande de son médecin traitant pour un check-up systématique de ses lésions pigmentaires, sans qu’aucune n’ait attiré son attention ou l’attention de la patiente. Elle ne signale aucun signe fonctionnel. Ni elle ni son entourage n’ont remarqué de changement du nombre, de la taille ou de l’aspect de ses lésions pigmentées. Depuis l’adolescence, elle est consciente d’avoir un nombre assez élevé (plus de 50) de nævus mais n’a jamais, jusqu’ici, pris d’avis dermatologique.

Maladies bulleuses
Les maladies bulleuses se caractérisent toutes par la présence de bulles. Elles siègent à différents niveaux de l’épiderme et résultent d’un déficit congénital ou acquis de l’adhésion des kératinocytes. La biopsie doit porter sur une bulle récente. Dans bon nombre de cas, un prélèvement pour immunofluorescence directe (IFD) est nécessaire, réalisé en peau saine péri-bulleuse ou en peau inflammatoire mais non décollée.

Dermatite atopique : de l’importance de définir avec son patient les objectifs thérapeutiques à l’heure des biothérapies
Les objectifs thérapeutiques que l’on peut désormais espérer dans la dermatite atopique sont bouleversés par l’arrivée des biothérapies et des thérapies ciblées. Des espoirs de blanchiment et d’amélioration nette du prurit peuvent concerner plus de 2/3 des malades avec le dupilumab, première molécule d’une longue lignée à venir.
Ce saut conceptuel nous permet de redéfinir les objectifs avec nos malades modérés à sévères, non seulement en termes de soulagement immédiat, mais aussi de maintenance des résultats à long terme avec un minimum d’effets secondaires.

De petites papules à ne pas négliger
Une patiente de 24 ans, sans antécédent personnel notable, était adressée en consultation pour une lésion papuleuse ferme infracentimétrique, discrètement rosée, sensible à l’effleurement, siégeant sur l’avant-bras gauche.

Vaccination contre les papillomavirus : jusqu’à quel âge la recommander ?
L’infection à papillomavirus (HPV) est l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente. Elle peut être responsable de cancers aussi bien chez la femme que chez l’homme, dont le dépistage est absent ou insuffisant. Le poids de ces maladies en termes de morbidité et de mortalité justifie la prévention primaire par la vaccination universelle des filles et des garçons.
Les vaccins actuellement disponibles sont efficaces et induisent une immunité de groupe mais celle-ci ne permet pas de protéger les sujets de plus de 25 ans non vaccinés. Or, le risque d’infection persiste après cet âge, surtout en présence de facteurs de risque. La vaccination HPV, efficace dans la tranche d’âge 25-45 ans vis-à-vis de nouveaux types d’HPV non rencontrés antérieurement, doit être proposée chez les immunodéprimés, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les femmes en post-conisation, non vaccinés antérieurement. Elle semble avoir un réel bénéfice, diminuant le risque de récidive dans cette population à risque.

Drogues dures et peau
L’usage de drogues “dures” a explosé partout dans le monde depuis plus de 40 ans. Il s’agit d’une problématique préoccupante, engendrant une série de conséquences sanitaires et médicales tantôt minimes, tantôt mortelles. Le système tégumentaire en témoigne largement avec l’apparition de nouvelles pathologies et leur incidence croissante. Sur le plan dermatologique, certains signes flagrants et d’autres plus subtils doivent attirer l’attention de tout clinicien correctement informé. Les complications cutanées liées à l’usage d’héroïne et/ou de cocaïne sont les plus fréquentes. Toutefois, d’autres drogues, telles la buprénorphine ou la méthadone, peuvent également être incriminées. Les dermatologues travaillant en milieu carcéral y sont particulièrement confrontés.
A contrario des drogues hospitalières ou du moins médicales, les substances communément trouvées dans le commerce parallèle sont bien souvent soit diluées, soit mélangées à d’autres stupéfiants. Les composants rajoutés sont parfois bien plus délétères que la drogue première.
Bien entendu, l’usage des drogues dures est ici abordé sous le prisme dermatologique, ne négligeant par ailleurs pas les nombreuses autres complications/conséquences tant médicales que sociales et sociétales découlant de cette affection qu’est la toxicomanie1.

Téléconsultations, téléexpertises : aspects pratiques pour une appropriation sereine
La télémédecine est en plein déploiement, formidablement accéléré par l’actualité et l’épidémie de COVID-19. La dermatologie en est une spécialité pionnière et s’y prête particulièrement. Avec cette nouvelle modalité d’exercice médical, il faut désormais s’attacher à s’y former et respecter le cadre réglementaire. La mise en place pratique nécessite de connaître les avantages et les limites, afin de la faire correspondre à ses besoins médicaux et d’en faire un usage pertinent. Il faut également connaître quelques écueils et fausses idées qui pourraient décevoir. Il est notamment important d’envisager la structuration d’un réseau ou de filières de soins et d’organiser, lorsque cela est nécessaire, l’accès à une consultation présentielle.

Arthrite postopératoire trompeuse pour un dermatologue
Le patient âgé de 53 ans est opéré d’un hallux rigidus du pied gauche : arthrodèse de la métacarpo-phalangienne (MP) et ostéotomie de Weil du second rayon. Il consulte le dermatologue 3 mois après l’intervention pour un problème de cicatrisation au niveau de son gros orteil gauche opéré. Le dermatologue note dans son observation : “plaie propre, profonde, pas de nécrose.” Le patient est sous amoxicilline + acide clavulanique prescrits par son chirurgien orthopédiste. Le dermatologue prescrit des pansements cicatrisants. Il revoit le patient 15 jours après et note : “œdème du pied gauche, plaie propre moins profonde, apyrétique (toujours sous amoxicilline + acide clavulanique).” Il intensifie les soins locaux avec des bains de pied (Bétadine®) et les soins infirmiers quotidiens.

L’immunité de type 2 dans la dermatite atopique
L’immunité de type 2 est une boucle inflammatoire qui implique de nombreux acteurs cellulaires et des médiateurs solubles (cytokines de type 2 : IL4, IL5, IL9, IL13 et IL31). Dans la dermatite atopique, les signaux de type 2 impliqués sont des alarmines (TSLP, IL25, IL33), produites par les kératinocytes. On retrouve une activation des lymphocytes T Th2 par les cellules dendritiques qui rencontrent et présentent les allergènes de l’environnement et une cascade d’événements inflammatoires impliquant les mastocytes, les polynucléaires basophiles, les polynucléaires éosinophiles et les lymphocytes B qui produisent des IgE.

Le concept de morpho-esthétique faciale. Application au traitement et à la prévention du vieillissement facial par les injections d’acide hyaluronique volumateur
La morpho-esthétique faciale est un paradigme établissant le lien entre le squelette osseux facial et la morphologie du visage. L’esthétique du visage est fortement déterminée par son support osseux. Par ailleurs, le vieillissement facial est, lui aussi et pour une part importante, en corrélation directe avec les altérations osseuses liées au vieillissement spécifique du squelette facial. Chaque visage possède un “capital” osseux qui va intervenir dans le soutien des parties molles de la face et dans leur vieillissement. Ainsi, un support osseux fort, notamment au niveau du menton, des arcades zygomatiques et de la mandibule, permet le maintien prolongé d’un visage bien dessiné ; a contrario, un support osseux faible dans ces zones impose une suppléance volumétrique plus précoce pour compenser les pertes de volume liées au relâchement et à la ptôse. De ce fait, l’analyse de la morpho-esthétique faciale est importante dans le cadre de la prévention du vieillissement facial : l’identification des patients à faible support osseux permet de dépister les sujets pour lesquels de faibles pertes de volume ou un relâchement tissulaire modéré auront des conséquences négatives importantes sur la perception de l’âge. L’apparition sur le marché d’acides hyaluroniques aux propriétés rhéologiques adaptées avec une cohésivité et une élasticité très élevées (“bone fillers”) permet la suppléance précoce des supports osseux déficients, contribuant ainsi à la prévention du vieillissement facial et donnant tout son sens à ce paradigme.