
La vestibulodynie – Le point de vue du dermatologue
La vestibulodynie est la plus fréquente des vulvodynies localisées. Elle se caractérise sur le plan fonctionnel par des douleurs vulvaires localisées au vestibule, le plus souvent à type de brûlure, ainsi que par des dyspareunies superficielles d’intromission. Le diagnostic de vestibulodynie est clinique, l’examen vulvaire, réalisé en période algique, ayant pour objectif d’éliminer une lésion vulvaire pertinente susceptible d’expliquer les symptômes, une douleur d’origine neurologique et de confirmer le siège et le caractère allodynique de la douleur.
La prise en charge de la vestibulodynie, multidisciplinaire, repose en premier lieu sur la kinésithérapie périnéale. Le rôle du dermatologue, parfois sollicité après un long parcours de soins et une véritable errance thérapeutique de la patiente vulvodynique, est important aussi bien sur le plan diagnostique que thérapeutique.

Prise en charge de l’acné chez le patient transgenre
L’acné est la complication dermatologique la plus fréquente rencontrée par les patients transgenres hommes durant la phase de transition. Elle touche environ 1 individu sur 3. Ces derniers la considèrent sévère dans 1 cas sur 3 également, principalement les hommes transgenres sous testostérone.
Il n’existe pas de recommandations spécifiques pour la prise en charge de l’acné chez les patients transgenres. Celle-ci se calque sur les recommandations concernant les patients et patientes cisgenres.
La prescription d’isotrétinoïne est particulière chez les patients hommes transgenres, car il faut s’enquérir de leur anatomie génitale et de leurs pratiques sexuelles.
La prise de testostérone et l’aménorrhée chez un patient homme transgenre avec des organes génitaux féminins natifs n’éliminent pas le risque de grossesse. Une contraception avec tests de grossesse réguliers peut s’avérer nécessaire.

Les dermatoses unguéales inflammatoires
L’accompagnement d’une atteinte paronychique microbienne, fongique, parasitaire ou virale nécessite le plus souvent un traitement spécifique pouvant aller jusqu’à l’avulsion unguéale.
Si les formes chroniques peuvent compliquer une variante aiguë, le champ des investigations augmente avec l’hypersensibilité cutanée au contact de certains aliments. De surcroît, des affections dermatologiques (psoriasis, lichen plan, etc.) ainsi que des maladies systémiques (leucémie par exemple) peuvent s’observer.
Nous avons tenu à faire une place aux abcès sous-unguéaux, trop souvent ignorés, et aux ongles verts, fréquemment observés et “maltraités”.

Qu’attendre des JAK inhibiteurs dans la pelade ?
Beaucoup ! L’arrivée des JAK inhibiteurs (JAKi) est porteuse d’espoir pour les formes sévères de pelade, difficiles à vivre comme à traiter. Une étude italienne n’indique-t-elle pas la persistance de plaques actives à long terme chez 1 patient sur 3 ayant 25 à 50 % du scalp atteint, avec pour 1/3 d’entre eux la menace d’une évolution vers une forme décalvante ou universelle ? [1]. Voici les repères actuels sur le baricitinib, anti-JAK1 et JAK2, dont l’étude est la plus avancée dans cette pathologie.

Actualités sur le prurit
Les circuits neuronaux du prurit commencent à être mieux compris, depuis les pruricepteurs dans la peau jusqu’aux zones cérébrales activées. Lorsqu’il devient chronique, le prurit s’autonomise du fait de la sensibilisation périphérique et centrale, avec un cercle vicieux prurit-grattage dont il est difficile de sortir.
En dehors des traitements étiologiques, les possibilités thérapeutiques sont limitées pour l’instant, mais de nouveaux traitements ciblant les récepteurs des cytokines Th2, les récepteurs des opioïdes, les récepteurs de la substance P, la phosphodiestérase 4 ou la voie JAK-STAT semblent particulièrement porteurs d’espoir.

Acné et microbiote cutané : quel impact dans la prise en charge et dans l’observance des traitements ?
L’acné est une dermatose inflammatoire chronique du follicule pilosébacé très fréquente, touchant jusqu’à 85 % de la population mondiale âgée de 11 à 30 ans [1]. Le microbiote cutané représente l’ensemble des microorganismes résidents de la peau humaine. Leurs interactions avec le système immunitaire représentent un facteur essentiel à prendre en compte dans la compréhension de la physiopathologie de l’acné [2-6].
Dans cet article de synthèse bibliographique, nous observons que les traitements utilisés dans la prise en charge de l’acné – qu’il s’agisse de rétinoïdes, de traitements hormonaux ou d’antibiotiques – sont tous de près ou de loin associés à des modifications du microbiote cutané. Certains sont associés à des pertes de diversité, d’autres à sa hausse. Nous soulignons ici l’intérêt de restaurer un microbiote équilibré et donc une barrière cutanée intègre dans le cadre du traitement de l’acné.

Comment je prends en charge un nævus de Spitz
Le nævus de Spitz est une variété particulière de nævus intéressant principalement l’enfant, répondant à une définition histologique et moléculaire particulière le distinguant des autres proliférations mélanocytaires. Il est constamment bénin chez l’enfant et peut être, au choix, laissé en place et surveillé ou retiré avec des marges étroites.
Le mélanome de Spitz est une tumeur maligne plutôt observée chez l’adolescent et ne donnant que très rarement des métastases à distance. Le problème vient du fait qu’un mélanome de Spitz peut mimer cliniquement et histologiquement un nævus de Spitz et qu’il n’y a pas de critère formel clinique/dermoscopique permettant de les différencier. Par conséquent, il est conseillé de se méfier de toute lésion nodulaire de grande taille (> 8 mm), évolutive, à fortiori si elle est hémorragique et ulcérée quel que soit l’âge, et de toute tumeur de Spitz d’allure nodulaire survenant chez un sujet pubère. Dans ces situations, une exérèse totale s’impose avec analyse histologique par un pathologiste expert.
Les nævus de Reed et les lésions pigmentées planes peuvent être simplement surveillés.

Quand penser à une MAI devant une éruption urticarienne ?
Les éruptions urticariennes récurrentes sont fréquentes chez les patients. Il peut être parfois difficile, devant des éruptions urticariennes récidivantes, d’éliminer avec certitude une simple urticaire chronique ou aiguë intermittente.
En pratique, des atypies cliniques comme l’absence de prurit, des lésions pigmentées post-inflammatoires ou l’association à d’autres signes systémiques non évocateurs d’urticaire chronique ou d’urticaire aiguë récidivante ou intermittente doivent alerter le dermatologue et faire évoquer le diagnostic de maladie auto-inflammatoire.
En effet, le caractère fixe de l’éruption, le caractère maculeux plus que papuleux, l’aspect monomorphe des lésions ou encore l’absence de prurit, la présence de lésions pigmentées post-inflammatoires ou l’association à d’autres signes systémiques dans un contexte de fièvre et/ou syndrome inflammatoire récurrent ne sont pas classiques au cours de l’urticaire chronique ou aiguë intermittente classique.

Le syndrome VEXAS : une nouvelle maladie auto-inflammatoire de l’adulte que le dermatologue doit connaître
En décembre 2020 a été décrit un nouveau syndrome auto-inflammatoire survenant chez des hommes âgés, avec des signes systémiques inflammatoires, des atteintes dermatologiques, en particulier des syndromes de Sweet, des polychondrites chroniques atrophiantes et des anomalies hématologiques incluant des anémies macrocytaires et des syndromes myélodysplasiques. Des vacuoles lipidiques ont été observées dans les précurseurs myéloïdes au myélogramme.
Ce syndrome est dû à une somatique du gène UBA1, localisé sur le chromosome X. L’anagramme VEXAS (pour Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, autoinflammatory, somatic) a donc été proposé.
Nous présentons ici les principales caractéristiques de cette nouvelle pathologie en insistant sur les atteintes dermatologiques, qui sont au premier plan et doivent être connues des dermatologues. Ces derniers jouent en effet un rôle clé dans le diagnostic.

Manifestations cutanées des 4 MAI monogéniques historiques
Les manifestations cutanées font partie des signes les plus fréquents lors des maladies auto-
inflammatoires monogéniques. Les 4 historiques (fièvre méditerranéenne familiale, TRAPS, CAPS et déficit en mévalonate kinase) ont des signes cutanés bien particuliers. Le dermatologue a ici tout son rôle et peut être d’une grande aide pour ses collègues internistes ou pédiatres.
Le pseudo-érysipèle de cheville est le seul signe cutané pathognomonique de la FMF. Une éruption pseudo-urticarienne, fixe, non prurigineuse, déclenchée par le froid est présente dans 90 % des cas de CAPS. Les aphtes s’observent dans ces 4 maladies, essentiellement dans le MKD (50 % des cas). Le TRAPS, exceptionnel, se manifeste par des placards inflammatoires douloureux migrateurs des membres accompagnant les myalgies.