Cas clinique
Une jeune patiente âgée de 16 ans, peu sportive, est traitée par isotretinoïne pour une acné sévère cicatricielle du visage après échec des antibiotiques oraux et du traitement local. L’information orale et écrite est délivrée et la brochure d’information est remise conformément aux recommandations de l’HAS et l’ANSM par le dermatologue. Les doses délivrées sont faibles : < 0,5 mg/kg.
Au 6e mois de prise d’isotretinoïne, la jeune patiente se plaint de myalgies des deux cuisses uniquement, de survenue brutale. Elle consulte pour ce motif aux urgences.
Le dermatologue contacté recommande d’arrêter l’isotretinoïne et de se revoir dans 3 mois pour faire le point.
Malgré l’arrêt de l’isotretinoïne, les myalgies s’aggravent considérablement avec impotence fonctionnelle et la jeune patiente est contrainte de se déplacer en béquille puis en fauteuil roulant. L’ensemble des nombreux examens cliniques (pas de déficit moteur ou neurologique, pas d’amyotrophie) et paracliniques étaient tous normaux :
– bilan biologique : CPK, pas de syndrome inflammatoire ;
– imagerie : IRM rachis lombaire et sacro-iliaques, IRM des cuisses, EMG.
Une résolution complète et rapide des troubles est survenue 9 mois après, à la suite d’une électrostimulation intracrânienne.
Discussion médicolégale
La responsabilité du dermatologue a tout de suite été écartée : pas de défaut d’information, brochure délivrée et bonne indication de l’isotretinoïne.
La responsabilité et l’imputabilité de l’isotretinoïne dans la survenue des myalgies chez la jeune patiente étaient le vrai sujet de l’accedit. Les experts n’ont pas retenu un rôle éventuel de l’isotretinoïne dans la survenue des myalgies sur la base de plusieurs arguments :
– la persistance des myalgies et leur aggravation en été, à distance de l’arrêt du traitement par le dermatologue au printemps, ne sont pas en faveur de l’étiologie médicamenteuse. En effet, les myalgies surviennent fréquemment chez les adolescents traités par isotretinoïne surtout s’ils font beaucoup de sport. Ces myalgies sont souvent associées à une augmentation des CPK et cessent à l’arrêt du traitement ;
– le début et la fin des troubles avec récupération totale sont particulièrement brutaux ;
– l’ensemble des examens cliniques et complémentaires ont toujours été normaux ;
– on ne peut vraiment pas parler d’atteinte[...]
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