
La capillaroscopie en pratique
La capillaroscopie périunguéale est un examen simple et rapide, indiqué essentiellement dans le bilan étiologique de tout phénomène de Raynaud. L’objectif est alors essentiellement de rechercher des signes évocateurs de sclérodermie systémique. Elle peut être normale lors du phénomène de Raynaud primitif mais également dans certaines causes secondaires (paranéoplasique, prise de toxiques, etc).
La microangiopathie non spécifique peut s’observer dans le Raynaud primitif, l’acrocyanose et de nombreuses autres causes. Une microangiopathie organique spécifique s’observe lors de la sclérodermie systémique, la dermatomyosite et les connectivites mixtes.
La capillaroscopie a également un intérêt pronostique puisque le paysage sclérodermique tardif (plages avasculaires) est associé à des manifestations plus sévères de la sclérodermie systémique, notamment des ulcères digitaux.

Prise en charge du psoriasis chez le patient souffrant d’obésité
La prévalence de l’obésité est en nette augmentation dans le monde depuis plusieurs années. Les patients atteints de psoriasis souffrent plus souvent d’obésité que la population générale.
Ce lien entre psoriasis et obésité est probablement bidirectionnel. En effet, l’obésité amplifie l’inflammation systémique et constitue ainsi un facteur de risque indépendant de psoriasis. On sait aussi que les patients avec un psoriasis ont des habitudes de vie qui pourraient favoriser le surpoids (isolement social, régime alimentaire moins équilibré, activité physique réduite).
Le dépistage de l’obésité doit se faire régulièrement lors du diagnostic et du suivi, ainsi que le dépistage du syndrome métabolique.
Les traitements systémiques sont moins efficaces chez les patients souffrant d’obésité et les effets secondaires plus fréquents. Certains traitements, comme les anti-TNF, sont associés à une prise de poids.

Orientation diagnostique et prise en charge des acrosyndromes vasculaires
Les acrosyndromes vasculaires sont définis comme des troubles vasomoteurs touchant les extrémités. On distingue les acrosyndromes paroxystiques au froid (phénomène de Raynaud) ou au chaud (érythermalgie) des acrosyndromes permanents (acrocyanose, acrocholose, acrorhigose, engelures, hématome digital spontané et ischémie digitale).
Un interrogatoire et un examen clinique rigoureux permettent d’identifier le type d’acrosyndrome, le bilan et le pronostic variant selon le diagnostic. Il existe des formes primitives et des formes secondaires.
Devant une acrocyanose ou une acrorhigose de la femme jeune, ou devant un hématome digital spontané, il n’y a pas lieu de réaliser d’examens complémentaires. Devant un phénomène de Raynaud, en l’absence d’atypies, le dosage des anticorps antinucléaires et la capillaroscopie constituent le bilan minimum. L’ischémie digitale est une urgence diagnostique et thérapeutique.

Prévention de la dermatite atopique chez l’enfant
La prévention de la dermatite atopique est un sujet en constante évolution. Font partie des recommandations officielles : l’usage des pré- et probiotiques, ainsi que l’éviction totale du tabac actif ou passif chez la femme enceinte atopique ou non. L’application dès la naissance d’un émollient chez le bébé au titre de la prévention primaire ne fait plus partie de ces recommandations alors que l’émollient, les soins d’usage et les probiotiques gardent leur place en prévention secondaire.
C’est aussi l’attitude éducationnelle qui permet aux parents d’agir dès le plus jeune âge et de comprendre les facteurs déclenchants, ceux qui sont évitables et ceux qui ne le sont pas.

Quoi de neuf en dermatologie esthétique ?
L’année écoulée a été un peu particulière : pas ou peu de congrès scientifiques, beaucoup de webinars de qualité très variable (certains de faible qualité mais d’autres très formateurs), dynamisme des forums de discussion… Et un sujet récurrent dans la presse médicale : COVID et injections.

Quoi de neuf dans l’acné ?
L’acné est une pathologie fréquente et chronique qui peut avoir un retentissement psychologique important sur les patients et leur famille. Sa pathogénie est complexe et fait intervenir des facteurs inflammatoires, hormonaux, génétiques et environnementaux. La prise en charge de l’acné continue d’évoluer avec de nouvelles molécules disponibles et de récentes études et publications pour optimiser l’utilisation des thérapies connues.

Quoi de neuf en pathologie unguéale ?
En ce qui concerne notre discipline, l’année thérapeutique aura été marquée en 2021 par la multiplication des modifications inhabituelles de l’appareil unguéal occasionnées par l’infection à SARS-CoV-2. Devant les conséquences parfois imprévisibles de cette maladie, nous avons pensé que son intérêt dépassait fortement celui des dermatoses unguéales, isolées ou associées à divers syndromes. Pour cette année, elle sera donc notre invitée d’honneur.

État des lieux sur les anti-IL23 dans le traitement du psoriasis en plaques
La prise en charge du psoriasis en plaques de stade modéré à sévère a été complètement révolutionnée par l’émergence des biothérapies. Le contrôle de l’inflammation chronique, l’amélioration de la qualité de vie et une prise en charge globale du patient, de ses symptômes et de ses comorbidités deviennent un enjeu crucial. L’utilisation de nouvelles classes thérapeutiques à l’instar des inhibiteurs de l’interleukine 23 (anti-IL23) pourrait permettre d’affiner les stratégies de traitement notamment par le biais de gains d’efficacité et de maniabilité. Un état des lieux concernant l’efficacité, la tolérance et les données de rémanence de cette classe thérapeutique majeure est présenté dans cet article.

Actualités sur les nouveaux syndromes auto-inflammatoires
Les syndromes auto-inflammatoires regroupent un ensemble de pathologies caractérisées par une inflammation clinico-biologique et résultant de l’implication de molécules de l’immunité innée en l’absence d’infection ou d’auto-immunité. Depuis une dizaine d’années, la “révolution” des techniques modernes de biologie moléculaire a permis l’identification de nouvelles mutations, permettant ainsi d’en bouleverser la nosographie générale et de guider les pistes thérapeutiques futures. Les exemples sont nombreux : haplo-insuffisance A20, syndrome VEXAS, déficit en ADA2…
Nous nous concentrons ici sur les nouveautés de ce champ immense dans la pratique du dermatologue, en nous attardant sur les concepts globaux, les apports récents de la biologie moléculaire et les dernières entités décrites.

Syndrome d’orage cytokinique : un concept d’actualité
La COVID-19 peut provoquer un large éventail de manifestations cliniques allant de formes asymptomatiques chez 30 % des individus à des formes bénignes ou modérées associant fièvre, toux, myalgies chez 55 % des individus et des formes sévères parfois fatales. Les patients atteints de COVID-19 sévère présentent un profil immunologique particulier, caractérisé par une réponse immunitaire innée excessive avec hypersécrétion de cytokines pro-inflammatoires appelée orage cytokinique et une réponse interféron de type I défaillante. L’ensemble de cette cascade immunologique conduit au syndrome de détresse respiratoire aigu, à une défaillance multiviscérale et au décès.
De nombreux traitements ont été évalués pour diminuer la mortalité de ces patients sévères.
Aujourd’hui, la dexaméthasone réduit la mortalité de 30 % chez les patients sous assistance respiratoire et de 20 % chez les patients sous oxygénothérapie. Deux anticorps monoclonaux (casirivimab-
imdevimab et regdanvimab) sont destinés aux patients qui présentent des risques de développer des formes graves de la maladie. Un traitement oral (l’association nirmatrelvir/ritonavir) vient d’être approuvé en Europe.
Les mesures barrières et la vaccination restent le premier rempart face à cette épidémie, à ses conséquences désastreuses sur la santé et sur l’économie mondiale.