
Diagnostic et prise en charge du lichen unguéal
Le lichen plan unguéal est une pathologie inflammatoire chronique de présentation clinique polymorphe. Son évolution est imprévisible mais peut entraîner des séquelles cicatricielles, fonctionnelles et esthétiques définitives. C’est pourquoi un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée sont nécessaires.
Des recommandations d’experts ont été publiées en 2020, guidant la prise en charge thérapeutique, en préconisant les injections d’acétonide de triamcinolone en première intention, chez l’adulte comme chez l’enfant.

L’ongle du 3e âge
Les modifications observées sur l’ongle du sujet âgé méritent toute l’attention du dermatologiste, non seulement pour son apparence, en particulier chez la femme, mais surtout pour la recherche de modifications générales, artérielles ou biomécaniques, en particulier aux orteils.
Bien entendu, une manucurie raisonnable est susceptible de pallier certaines imperfections mais ne remplacera pas le port d’une double paire de gants (coton et plastique par-dessus) pour tous les travaux en milieu humide.

Éditorial – Les phanères ont le vent en poupe !
Les enquêtes menées auprès de nombreux membres de différentes sociétés nationales et internationales de dermatologie ont montré qu’aujourd’hui les sessions les plus demandées et les plus appréciées sont celles traitant de cheveux et d’ongles. Jamais autant de sociétés n’ont présenté un nombre aussi impressionnant de symposiums, masterclass, forums… dédiés à ces annexes cornées.

Quoi de neuf en lasers ?
Les années précédentes, nous avions l’habitude de regretter que le nombre de lasers et autres techniques (ultrasons, radiofréquences fractionnées et non fractionnées, cryolipolyse, micro-ondes courtes, photobiomodulation par LED) apparaissant sur le marché soit toujours plus important, alors que le nombre d’études cliniques de qualité ne suivait pas la même progression. Disons-le clairement, l’année 2022 est bien meilleure et apporte beaucoup de réponses aux questions que l’on pouvait se poser sur l’intérêt réel des lasers et des techniques apparentées proposées dans de nombreuses dermatoses. Bref, nous progressons !

Quoi de neuf en dermatologie infectieuse ?
À la fin des années 1980, on prédisait la fin des maladies infectieuses qui avaient menacé l’humanité durant toute son histoire. L’arrivée du SIDA a sévèrement démenti ce sentiment. En 2019, nous avons vu l’apparition et l’émergence mondiale d’une maladie infectieuse entièrement nouvelle : la Covid-19. Et l’année 2022 a aussi marqué l’histoire de la médecine et des maladies infectieuses avec l’émergence de la variole du singe.

Quoi de neuf en pathologies tumorales cutanées ?
Dans le mélanome, malgré des progrès thérapeutiques constants depuis 10 ans, une partie des patients vont finir par décéder de leur maladie. Le nombre des traitements augmente plus vite que notre compréhension des séquences thérapeutiques optimales et des populations réellement bénéficiaires. Depuis 5 ans, la tendance consiste à traiter les patients de plus en plus tôt, aux stades III, et désormais aux stades IIB/IIC. Ces thérapies adjuvantes réduisent le risque de récidive pour une fraction seulement des patients, que l’on ne sait déterminer au préalable en routine. L’avenir semble être à la stratégie néoadjuvante, pour l’instant évaluée dans des essais avec de petits effectifs et encore peu de recul. L’efficacité des traitements en cas d’immunorésistance reste limitée, sans compter leur accessibilité (pas d’AMM pour le lenvatinib dans le mélanome, coût élevé et difficultés d’accès aux traitements par lymphocytes infiltrant la tumeur [TIL]).

Allergies aux allergènes végétaux non polliniques
Pendant longtemps, on a pensé qu’il existait une allergénicité croisée entre les pollens de graminées et les allergènes végétaux non polliniques présents dans les tiges et les feuilles des végétaux.
La publication de cas cliniques très particuliers comme l’allergie au jus de pelouse a permis d’expliquer certaines situations cliniques insolites par des réactions adverses, allergiques ou non, vis-à-vis des végétaux. C’est le cas de diverses réactions cutanées allergiques ou toxiques, de l’anaphylaxie associée à la pratique de la luge d’été, de certaines anaphylaxies après passage ou course dans des hautes herbes, des phytodermatoses dont le prototype est la dermite des prés. Il faut cependant éliminer les diverses anaphylaxies d’effort, l’asthme induit par l’exercice physique et les angiœdèmes récidivants.
Les syndromes inhabituels d’anaphylaxie décrits dans cette revue sont proches les uns des autres et certainement multifactoriels, survenant tout autant chez des individus non atopiques qu’atopiques, L’effort physique, le stress, les émotions, la chaleur, l’abrasion des téguments favorisant le passage transcutané des allergènes sont des facteurs associés qui aggravent les symptômes. En dehors de la dermite des prés, certaines de ces situations sont mal connues.

Photothérapie : quelle place en 2023 ?
Malgré le développement de nouvelles options thérapeutiques, la photothérapie reste un pan indispensable de la dermatologie pour de nombreuses indications.
Dans le vitiligo, elle est indispensable à la repigmentation, même avec les nouvelles biothérapies. Dans le lichen plan, elle offre un meilleur rapport bénéfice/risque que la corticothérapie générale. Dans la pelade, elle obtient des résultats comparables aux nouvelles biothérapies et pourrait leur être adjointe. Dans les lymphomes cutanés superficiels, son rapport bénéfice/risque est excellent. De même, elle obtient souvent un succès dans certains lymphomes cutanés en cas de contre-indication ou d’échec des autres options thérapeutiques. Dans la désensibilisation des lucites et urticaires solaires, elle permet une réelle amélioration de la qualité de vie en évitant le recours aux médicaments ou en cas d’échec thérapeutique. Dans l’eczéma, elle reste une bonne option de traitement systémique de premier recours. Dans le psoriasis, elle est une indication de premier recours en raison de son coût inférieur à celui des biothérapies. Enfin, elle reste la seule option pour de nombreuses dermatoses rares et doit rester disponible pour notre spécialité.

Pelade et JAK inhibiteurs
La pelade est une maladie auto-immune dont d’origine lymphocytaire T semble prédominante. Pour autant, les traitements immunosuppresseurs ou modulateurs classiques sont décevants, et aucun traitement efficace ne s’est imposé actuellement. L’arrivée des JAK inhibiteurs change la donne. En bloquant plusieurs voies cytokiniques, notamment Th2, ces molécules se révèlent très efficaces, bien tolérées, et les essais de phase III avec le baricitinib (qui sera sans doute le premier disponible) révèlent des taux de repousse bien supérieurs à tous les traitements antérieurs.
D’autres molécules de cette famille sont désormais en cours d’évaluation et une page nouvelle s’ouvre ainsi dans le traitement de la pelade.

Peau et tabac (1re partie) : psoriasis, hidradénite suppurée et maladie de Buerger
Dans cet article, nous aborderons l’impact du tabac sur le psoriasis, l’hidradénite suppurée et la maladie de Buerger. Le psoriasis et l’hidradénite suppurée sont nettement aggravées par l’intoxication tabagique qui participe à l’inflammation (sans oublier l’influence d’autres facteurs physiopathologiques). Concernant la maladie de Buerger (ou thromboangéite oblitérante), le tabac est le facteur de risque dominant, non seulement au cours de manifestations initiales mais aussi lors de poussées récidivantes.
Le tabac a également des effets négatifs sur de nombreuses autres dermatoses et sa toxicité n’est plus à démontrer sur l’ensemble des organes. Le dermatologue doit donc proposer un sevrage tabagique à tous ses patients, en s’appuyant sur le test de Fagerström afin d’évaluer leur degré de dépendance, et leur proposer un accompagnement médical adéquat.