Bien loin d’être un problème anecdotique, le prurit est une souffrance autant que la douleur. Il représente la principale plainte des patients en dermatologie. Au cours d’une semaine donnée, 30 % de la population ressentent un prurit et 10 % ont besoin d’un traitement [1]. Le retentissement est majeur sur le sommeil mais aussi sur l’apparence (avec les mouvements et les lésions de grattage), le bien-être psychologique et la vie sexuelle et affective. Ainsi, le prurit altère fortement la qualité de vie et représente un fardeau personnel et sociétal important. Il était mal compris jusqu’à ces dernières années et les effets des traitements restaient jusqu’à présent décevants [2].

Définitions

Le prurit n’a pas trouvé meilleure définition depuis la Renaissance que celle d’une sensation désagréable conduisant au besoin de se gratter [3], ce qui est toutefois une définition bien plus précise que celle de la douleur. Il ne faut pas confondre le prurit avec les picotements, les brûlures ou les fourmillements, autrement dit les paresthésies.

Ce n’est certainement pas une douleur a minima. En effet, le prurit est localisé uniquement à la peau et aux muqueuses malpighiennes, alors que les douleurs sont ubiquitaires. Le prurit induit une réaction de grattage, la douleur une tentative de retrait. Les effets de la chaleur et du froid sont opposés puisque le prurit est aggravé par la chaleur et calmé par le froid, tandis que la chaleur calme souvent la douleur, laquelle est aggravée par le froid.

Les effets des morphiniques sont totalement opposés : ils calment la douleur alors qu’ils exacerbent voire induisent le prurit, tout au moins par l’activation des récepteurs . Les traitements antalgiques n’ont aucun effet sur le prurit alors qu’ils apaisent la douleur. Quant aux antihistaminiques, ils n’ont aucun effet sur la douleur alors qu’ils peuvent atténuer le prurit. Enfin, les seuils d’activation sont bien différents, avec des stimuli minimes qui activent le prurit tandis que des stimuli moyens induisent les douleurs.

Physiopathologie

Il est très important de savoir qu’il[...]

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