Perturbateurs endocriniens en dermatologie : polémique de plus ou vrai sujet de préoccupation ?

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Notre mode de vie “moderne” s’accompagne d’une utilisation croissante, et quasiment ubiquitaire, de produits chimiques, polluants ou non. De nombreux chercheurs ont établi des connexions entre l’exposition à des produits chimiques et des anomalies chez les animaux et chez l’homme, en particulier dans la région des Grands Lacs, fortement industrialisée [1]. Défini en juillet 1991 lors de la conférence de Wingspread, le terme de perturbateur endocrinien environnemental (PEE ou EDC, pour endocrine-disrupting chemicals) [2, 3] décrit actuellement toute substance chimique d’origine naturelle ou artificielle, étrangère à l’organisme, capable d’interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et ainsi d’induire des effets délétères sur l’individu et/ou sa descendance [4]. Une mise au point actualisée sur ce thème a fait l’objet d’un symposium organisé par le laboratoire SVR au cours des JDP. Nous en rapportons les principaux points forts.

Plus de 90 000 composés anthropiques chimiques sont couramment utilisés, principalement dans l’industrie chimique et/ou phytosanitaire [3]. Parmi eux, les composés reconnus comme PEE constituent un groupe très hétérogène incluant des solvants industriels et leurs déchets (polychlorobiphényles [PCB], dioxines), des plastiques (2,2’-bis-4-hydroxyphenyl-propane ou bisphénol A [BPA]), des plastifiants (phtalates), des pesticides (méthoxychlore, chlorpyrifos, dichlorodiphényltrichloroéthane [DDT]), des fungicides (vinclozoline) et des agents pharmacologiques (diéthylstilbestrol [Distilbène®, DES], mycotoxines comme la zéaralénone). À ces produits synthétiques s’ajoutent les substances naturelles retrouvées dans l’alimentation humaine comme les additifs de l’alimentation animale (notamment les phytoestrogènes, les isoflavonoïdes et les lignanes contenus dans le soja, la luzerne, le lin… comme la génistéine et le coumestrol). Ces produits sont largement répandus dans notre environnement quotidien, dans l’air, dans l’eau, dans les objets usuels ainsi que dans la chaîne alimentaire en tant que contenants, surfactants, conservateurs ou encore retardateurs de flamme, y compris dans l’alimentation destinée aux nouveau-nés et aux enfants [2, 4].

L’identification des PEE, et donc de leurs effets, est rendue difficile car les sources d’exposition sont diverses et variables dans le temps et leurs effets spécifiques peuvent être masqués en cas d’exposition multiple, ce qui est habituellement la règle dans la population générale, une exposition massive unique étant plutôt liée à un accident toxicologique [4, 5]. On parle ainsi d’effet cocktail avec possibilité d’addition des concentrations et/ou des réponses de chaque composé, mais également d’effets synergiques et/ou
antagonistes [5]. Par ailleurs, si la description initiale des PEE impliquait un mode d’action via des récepteurs[...]

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À propos de l’auteur

Service d’Endocrinologie, Diabétologie et Médecine de la Reproduction, CHU de Nice, Hôpital de l’Archet 2, NICE. Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) UMR U1065/UNS, Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire (C3M), Équipe 5 “Cellular Basis and Signaling of Tumor Metabolism”, NICE. Université de Nice-Sophia Antipolis, Faculté de Médecine, Institut Signalisation et Pathologie (IFR 50), NICE.