L’école buissonnière de la dermoscopie

0
  1. Conclusion

Depuis plusieurs années, l’usage du dermoscope est devenu un exercice incontournable de notre spécialité. Il s’est imposé dans le dépistage du mélanome et le diagnostic des lésions pigmentées. Il est aussi très utile au quotidien, car il apporte régulièrement des éléments diagnostiques cliniques que notre œil n’avait pas (toujours) appréhendés. Les exemples qui suivent permettront de l’illustrer.

Une femme de 54 ans vient consulter pour des micropapules faciales acquises progressivement depuis quelques années (fig. 1), convaincue de souffrir d’une acné rosacée. L’examen clinique attentif montre des dizaines de papules blanchâtres de distribution périnasale.

L’examen dermoscopique des papules faciales est informatif : il permet d’écarter une dermatose commune (rosacée, acné : absence de papule inflammatoire, absence de pustule). Plus encore, il oriente le diagnostic : présence de multiples plages blanches de fibrose pseudo-cicatricielle qui interrompt le réseau vasculaire physiologique du visage tout en respectant les orifices pilosébacés comme une fine couche de neige naissante (fig. 2 et 3). Une image de fibrose périfolliculaire est parfois observée (fig. 4). La patiente avait souffert de pneumothorax spontané à deux reprises, tout comme son fils d’ailleurs. Le diagnostic de syndrome de Birt-Hogg-Dubé (BHD) est évoqué avant même le résultat de la biopsie qui confirme un fibrofolliculome. Une échographie rénale (recherche de tumeurs asymptomatiques) et une étude génétique familiale ont été demandées.

Il sera intéressant d’étudier l’allure dermoscopique du trichilemmome (marqueur du syndrome de Cowden), celui d’un angiofibrome (sclérose tubéreuse de Bourneville ou néoplasies endocriniennes multiples [NEM] de type 1) et du trichoépithéliome pour déterminer si elle est comparable ou pas.

Lors d’une autre consultation, l’allure clinique des doigts d’une patiente “en sucre d’orge sucé” retient l’attention : elle souffre de phénomène de Raynaud depuis des dizaines d’années. L’examen dermoscopique des cuticules unguéales en immersion (en prenant soin de ne pas trop comprimer les vaisseaux) montre tous les signes d’une sclérodermie systémique : mégacapillaires, microhémorragies, zones avasculaires (sclérose et télangiectasies : S et T du syndrome CREST !). Le dosage des anticorps anti-centromères confirme le diagnostic. Il est clair que la capillaroscopie (examen de première intention dans le bilan d’un phénomène de Raynaud) peut être pratiquée au cabinet sans difficulté avec un dermoscope.

Très souvent, il est aisé[...]

Connectez-vous pour consulter l'article dans son intégralité.

Pas encore abonné(e)
INSCRIVEZ-VOUS

Inscrivez-vous gratuitement et profitez de tous les sites du groupe Performances Médicales

S'inscrire
Partagez.

À propos de l’auteur

Cabinet de Dermatologie, SAINT-MALO.