Prescription de JAKi : quels vaccins doit-on recommander ?

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Les tyrosine-kinases de Janus (JAK), dont il existe quatre types, sont des enzymes associées à la portion intracellulaire des récepteurs transmembranaires d’une cinquantaine de cytokines et facteurs de croissance [1, 2]. Dès la fixation d’un ligand sur son récepteur, la kinase provoque l’activation, par phosphorylation, d’une protéine STAT capable de migrer vers le noyau pour déclencher une transcription génique à l’origine de la réponse cellulaire (voie de signalisation JAK-STAT). Au contraire des biothérapies dont le site d’action est extracellulaire et qui ne ciblent qu’une cytokine ou son récepteur, les inhibiteurs de JAK (JAKi) sont des petites molécules susceptibles de bloquer simultanément plusieurs cytokines impliquées dans la physiopathologie de nombreuses affections dermatologiques (psoriasis, dermatite atopique, pelade, vitiligo…).

Comme tout immunomodulateur, les JAKi altèrent la réponse immune adaptative et exposent à la survenue d’infections et de réactivations virales [1-3]. Parmi celles-ci, le zona est la principale infection évitable survenant sous JAKi. Au cours des essais cliniques, le risque de survenue d’un zona sous JAKi était multiplié par 3 à 4 comparativement au placebo [2]. À l’instar des mesures d’hygiène générale (lavage des mains, mesures barrières…), la vaccination est un moyen efficace et bien toléré de prévention vis-à-vis de nombreuses infections, notamment respiratoires, plus fréquentes sous JAKi. L’efficacité vaccinale est globalement conservée sous JAKi pour les vaccins inertes adjuvantés ou conjugués ou légèrement diminuée pour les autres [4, 5].

Les recommandations sont concordantes : toute prescription de JAKi doit être précédée d’une mise à jour du calendrier des vaccinations courantes (dTcaP) et assortie d’une proposition de vaccinations spécifiques aux immunodéprimés [3-7]. Elles sont de deux ordres : saisonnières et ponctuelles. Il est recommandé de vacciner les patients contre la grippe et le Covid-19 chaque automne et de réaliser un rappel vaccinal printanier contre le Covid-19 (fig. 1).

S’agissant des vaccinations spécifiques, il est recommandé de proposer aux patients sous JAKi une vaccination contre le pneumocoque dans sa forme 20-valent et contre le zona. En cas de zona récent, de nombreux experts préconisent une vaccination rapide, dès la cicatrisation. La vaccination contre le VRS peut également être proposée mais elle n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie. Tous ces vaccins inertes peuvent être administrés au cours du traitement par JAKi mais une anticipation de 1 à 2 semaines permet d’optimiser la réponse vaccinale (tableau I). En revanche, les vaccins vivants (fièvre jaune, varicelle, Mpox…) sont strictement contre-indiqués en cours de traitement. Ils peuvent être administrés 2 à 4 semaines[...]

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À propos de l’auteur

Service de Médecine interne et Maladies infectieuses, Hôpital Haut-Lévêque, CHU de BORDEAUX.