La stigmatisation des patients dermatologiques

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La stigmatisation est un processus qui, à terme, marque l’individu ou le groupe d’individus d’un opprobre : les stigmatisés sont ceux et celles qui subissent une réprobation sociale parce qu’ils auraient contrevenu à une loi ou une norme sociale ; ils sont vus comme étant déviants. Le terme “stigmatisation” vient des “stigmas”, les marques visibles du supplice du Christ. Ce mot signifie donc que le stigmatisé est observé et qu’il est vu de tous dans une présentation très négative.

De la sociologie vers la médecine

Le concept de stigmatisation a été décrit par le sociologue et linguiste Erving Goffman [1] : la stigmatisation d’un individu intervient lorsqu’il présente une variante relative par rapport aux modèles offerts par son proche environnement.

Il existe trois circonstances de stigmatisation selon Erving Goffman :
– la présence de “déformations externes”, telles que les cicatrices et les manifestations physiques d’anorexie mentale, de lèpre, d’infirmités physiques ou d’un handicap social, tel que l’obésité ;
– les déviations de traits personnels, incluant troubles mentaux, toxicomanie, alcoolisme et antécédents criminels ;
– les groupes ethniques et les nationalités ou religions perçus comme étant hors des normes sociales.

Depuis, on peut ajouter d’autres exemples :
– “déformations” externes : traumatismes tels que les brûlures, ou maladies, telles que les maladies cutanées, les cancers, le SIDA, etc.
– “déviations” de traits personnels : l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le statut social (pauvre ou riche) ;
– le racisme ou le racialisme.

Selon le sociologue Howard Becker [2], les stigmatisés peuvent choisir de cacher l’identité socialement vue comme étant déviante, ou encore de se l’approprier. Il mentionne quatre étapes :
– exposition : à une pratique ou une culture jugée déviante ;
– apprentissage : des normes et valeurs dans une sous-culture vue comme déviante ;
– dissimulation du stigmate : pratiques visant à ne pas faire connaître l’identité jugée déviante ;
– adhésion à la culture déviante : adoption du stigmate, réappropriation.

Le concept de stigmatisation fait l’objet d’appropriations nombreuses dans le champ des sciences humaines et sociales et continue de s’insérer[...]

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À propos de l’auteur

Service de Dermatologie, CHRU, BREST. Laboratoire Interactions Epithéliums Neurones, LIEN, Université de BREST.