Prurit sine materia et sujet âgé : une maladie des petites fibres ?

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Le prurit sine materia se définit comme étant un prurit sans lésion dermatologique pouvant l’expliquer. Il peut toutefois exister des lésions de grattage et cela est même fréquent, l’ensemble des lésions constituant le prurigo. Le prurit sine materia reste idiopathique dans 30 % des cas, mais il convient de rechercher activement une cause.

Il faut bien comprendre que le prurit ne naît pas forcément dans la peau. En effet, avoir conscience du prurit signifie qu’auparavant il y a eu activation successive des terminaisons nerveuses dans la peau, mais aussi activation des neurones depuis la peau jusqu’aux ganglions rachidiens, puis à la moelle épinière. Ensuite, il y a eu activation d’un deuxième neurone de la moelle épinière au cerveau et, enfin, activation de nombreuses régions cérébrales. Ces neurones peuvent également être activés par des substances actives produites au cours de nombreuses maladies.

Il existe ainsi un grand nombre de prurits non dermatologiques susceptibles d’avoir différentes causes :

  • une insuffisance rénale chronique ;
  • une cholestase hépatique ;
  • des hémopathies, en particulier les lymphomes et les syndromes myéloprolifératifs ;
  • des troubles endocriniens et métaboliques, tels que le diabète, la grossesse, une carence en fer ou des dysthyroïdies ;
  • des prurits neuropathiques ;
  • des prurits psychogènes ;
  • un prurit sénile ;
  • d’autres causes, telles que les causes médicamenteuses, les prurits paranéoplasiques ou un syndrome paraviral (VIH-VHC).

L’interrogatoire et l’examen clinique permettent généralement d’avoir une orientation étiologique. Parfois, ils ne sont pas informatifs et un bilan paraclinique peut être nécessaire, incluant une numération formule, une mesure de la vitesse de sédimentation, une créatininémie, un bilan hépatique, une glycémie à jeun et une hémoglobine glyquée, un dosage du fer sérique, un dosage de la TSH, une électrophorèse des protéines, des sérologies virales et parasitaires, une radiographie thoracique et une échographie abdominale. La biopsie de peau avec immunofluorescence n’a d’intérêt que chez la personne âgée.

Le prurit sine materia est plus fréquent chez la personne âgée car ses pathologies sont d’emblée plus fréquentes et les médicaments pris beaucoup plus nombreux. Rechercher des prises de médicaments potentiellement pruritogènes chez une personne âgée doit d’ailleurs être le premier réflexe.

Mais ce prurit sine materia chez la personne âgée peut aussi être lié à une désafférentation sensorielle périphérique et centrale permettant ainsi la survenue de sensations “parasites” qui n’auraient pas été perçues autrement. Une activité réduite peut également diminuer le seuil de perception de sensations anormales. Enfin, le rôle[...]

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À propos de l’auteur

Service de Dermatologie, CHRU, BREST. Laboratoire Interactions Epithéliums Neurones, LIEN, Université de BREST.