La pathologie palpébrale est très fréquente en consultation dermatologique. Le dermatologue est souvent confronté à un réel challenge diagnostique face aux œdèmes palpébraux en raison des étiologies diverses et complexes. Ceux-ci représentent parfois le signe unique ou inaugural d’une affection locale ou systémique. Il convient donc de faire un bilan complémentaire lorsque cela s’avère nécessaire afin de ne pas méconnaître des pathologies devant être rapidement prises en charge.
Les paupières sont facilement le siège d’œdèmes en raison de leur finesse, de la laxité de la peau, de l’absence d’hypoderme et de la disposition anatomique qui ne permet pas la dispersion des fluides. L’œdème est dû à l’accumulation de liquide dans les espaces interstitiels du derme des régions orbitaires et/ou palpébrales. Il résulte soit d’une diminution du drainage interstitiel, soit d’une augmentation du flux liquidien des vaisseaux vers l’interstitium.
Plusieurs étiologies peuvent être envisagées face un œdème palpébral (tableau I). Le dermatologue doit mettre en évidence, en un premier temps, tous les signes associés à celui-ci, qu’ils soient locaux ou généraux. Cependant, dans tous les cas, une dermatite de contact doit systématiquement être recherchée et la plupart du temps investiguée.
L’atteinte des paupières est souvent érythémato-vésiculeuse en cas de dermatite allergique de contact aiguë ou érythémato-squameuse en cas de dermatite de contact chronique. Dans certains cas, la clinique de l’eczéma de contact est déroutante aux paupières et s’observe sous forme purement œdémateuse ou érythémato-œdémateuse.
Le cas clinique présenté correspond à un homme âgé de 77 ans envoyé en urgence par son gastro-entérologue qui le soigne pour une hépatite C (traitement par télaprévir, peg-interféron alpha-2a, ribavirine). Il existe un important œdème (vaguement érythémateux) des paupières apparu depuis 2 mois à l’interruption du traitement par télaprévir (fig. 1). Le patient est bricoleur et aide fréquemment son fils qui est peintre en bâtiment.
Diverses hypothèses diagnostiques avaient déjà été envisagées (et éliminées) : origine thyroïdienne, décompensation cardiaque, dermatopolymyosite, compression de la veine cave, origine médicamenteuse, glomérulonéphrite… L’application locale de crèmes corticoïdes est sans effet ! La prise d’antihistaminique n’améliore pas la symptomatologie.
Une mise au point par tests épicutanés permet de mettre en évidence une nette sensibilisation à la méthylisothiazolinone. À l’anamnèse rétrospective, le patient nous explique[...]
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