La dermoscopie dans les lésions pigmentées : une séméiologie évolutive

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L’utilité de la dermoscopie dans le diagnostic des lésions pigmentées s’appuie sur 2 types de preuves scientifiques.

>>> L’amélioration de la sensibilité de l’examen dermoscopique par rapport à l’œil nu dans le diagnostic de lésions pigmentées suspectes de mélanome est de 18 % selon la méta-analyse de M.-E. Vestergaard et al. [1] et ce gain est significatif. Le gain de spécificité de l’examen dermoscopique par rapport à l’œil nu est de 9 %, mais il n’est pas significatif.

>>> L’amélioration du ratio bénin/malin des exérèses : ce ratio est le rapport entre le nombre de lésions suspectes enlevées (lésions bénignes + mélanomes) sur le nombre de mélanomes. Il est désigné, dans la littérature anglo-saxonne, par le terme NNT (number needed to treat) ou NNE (number needed to excise). Selon une vaste étude multicentrique menée par G. Argenziano et al., concernant près de 300 000 exérèses de lésions suspectes sur 10 ans (1999-2008), le ratio est différent selon l’opérateur : lorsqu’un non-dermatologue enlève une lésion suspecte de mélanome, ce diagnostic est confirmé par l’examen anatomo-pathologique 1 fois sur 30, soit un ratio de 30 ; lorsqu’un dermatologue, après un examen à l’œil nu, enlève une lésion suspecte de mélanome, ce diagnostic est confirmé par l’examen anatomo-pathologique 1 fois sur 14, soit un ratio de 14 (ce ratio était également celui trouvé dans une étude prospective sur le processus cognitif des dermatologues [2]). Le dermoscope permet de réduire encore ce ratio à 7. Ainsi, en 2007, selon cette même étude, les experts ont enlevé 9 005 lésions suspectes pour 1 540 mélanomes, tandis que les non-experts ont dû enlever 20 659 lésions suspectes pour 750 mélanomes. Les experts ont donc obtenu le double de mélanomes pour l’exérèse de la moitié moins de lésions suspectes. De nombreuses exérèses inutiles de lésions bénignes ont donc été évitées, permettant une réduction de la morbidité (cicatrices) et du coût en termes de santé publique. Selon l’étude menée par G. Salerni et al. [3], le ratio descend désormais à 4 avec le suivi en vidéomicroscopie numérique, et même à 2 avec un suivi associant vidéomicroscopie numérique et microscopie confocale.

En conclusion, la robustesse de ces preuves scientifiques permet, selon le Guide de pratique clinique australien [4], une recommandation de rang A pour l’utilisation du dermoscope dans le diagnostic des lésions pigmentées.

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À propos de l’auteur

Dermatologue, SAINT-GERMAIN-EN-LAYE.