Les dermatoses carentielles sont fréquentes au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), mais leur prévalence est variable en fonction de l’atteinte primitive digestive (maladie de Crohn [MC] ou colite ulcéreuse), du type de micronutriment déficient (tableau I) [1-3]. Elles sont liées à plusieurs facteurs souvent intriqués :
- diminution de prise alimentaire (anorexie, régimes sélectifs “diminués en résidus” ou “en lactose”) ;
- augmentation des pertes intestinales (diarrhée, stéatorrhée et entéropathie exsudative) ;
- malabsorption (diminution de la surface d’absorption secondaire à l’inflammation, à une résection intestinale, un bypass ou une fistule) ;
- pertes excessives par augmentation du métabolisme ;
- interactions médicaments-nutriments ;
- nutrition parentérale totale prolongée.
Les déficits en micronutriments incluent :
- les vitamines hydrosolubles B1 (thiamine), B2 (riboflavine), B3 (niacine), B5 (acide pantothénique), B6 (pyridoxine), B8 (biotine), B9 (folates), B12 (cobalamine) et C (acide ascorbique) ;
- les vitamines liposolubles A, D, E et K ;
- les macrominéraux : calcium, phosphore, potassium, magnésium et fer ;
- les éléments-traces : zinc, cuivre, sélénium ;
- les acides gras essentiels.
Les carences s’observent avec prédilection au cours de la MC, en particulier compliquée de fistules ou de sténoses. Elles peuvent cependant être présentes au cours de formes mineures de MICI, voire lors de leur rémission.
Les tableaux cliniques dermatologiques résultant des déficits nutritionnels au cours des MICI ne sont pas stéréotypés et ont le plus souvent pour origine des carences multiples (tableaux I et II) [4] :
- La dermite de type acrodermatite entéropathique (eczématiforme avec atteinte péri-orificielle et muqueuse) (fig. 1) ou d’aspect séborrhéique (fig. 2) s’observe électivement au cours des déficits en zinc, car les déficits en vitamines B2, B3, B8 sont rares au cours des MICI. Cependant, il s’agit le plus souvent d’un tableau clinique partiel, à évoquer face à un intertrigo de la région génito-périnéale, un érythème et/ou un œdème sensible des organes génitaux externes ou un eczéma craquelé. Le rôle éventuel d’un déficit en acides gras essentiels associé (25 % au cours des MICI) n’est pas connu. L’abaissement du zinc plasmatique n’est ni constant ni spécifique. Le traitement repose sur une supplémentation orale (à jeun) en zinc (1-3 mg/kg/j) permettant une rapide amélioration des lésions cutanées.
- L’hyperkératose folliculaire est évocatrice du déficit en vitamine C,[...]
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