Une patiente de 34 ans est hospitalisée en raison d’un vaste exanthème fébrile à 40 °C depuis 48 h, accompagnée d’arthromyalgies intenses, de nausées et de vomissements. Cet exanthème est survenu immédiatement après le retour d’un voyage de 15 jours en Guadeloupe. L’hémogramme montre une leucopénie à 2 600/mm3 et une thrombopénie à 73 000/mm3. Étrangement, l’exanthème rouge vif semble s’effacer net au bras droit après une prise de tension au brassard.
Quel diagnostic évoquez-vous ?
Ce tableau clinique au retour des Antilles nous a évoqué le diagnostic de dengue, confirmé par la sérologie. La dengue est une arbovirose causée par un virus à ARN du genre Flavivirus, comprenant quatre sérotypes distincts (DENV-1 à DENV-4). Principalement transmise par Aedes aegypti, elle peut également être véhiculée par Aedes albopictus (“moustique-tigre”). On estime à 400 millions le nombre d’infections annuelles, majoritairement en zone tropicale [1]. Initialement non endémique, la France métropolitaine fait désormais face à un risque épidémique, en raison de l’implantation quasi générale du moustique-tigre, vecteur du virus. Si la plupart des cas recensés restent importés (principalement des Antilles), des transmissions autochtones sont ainsi détectées chaque année. Le nombre de cas de dengue contractés en métropole reste faible – quelques dizaines au plus – notamment si on la compare aux cas importés (2 524 en 2023). Cependant, la tendance générale depuis 2010 est une augmentation graduelle des cas autochtones de dengue, avec une accélération notable après 2022 (193 cas autochtones dans la période 2022-2024, principalement en régions PACA et Occitanie. Une infection par un sérotype confère une protection durable contre ce même sérotype, mais pas contre les autres. En cas de réinfection par un sérotype différent, les anticorps préexistants peuvent faciliter l’infection virale et favoriser une évolution vers une forme sévère.
Moins de 50 % des infections sont symptomatiques et parmi celles-ci moins de 5 % sont graves [2]. La complication sévère, et potentiellement mortelle, est un choc hypovolémique par syndrome de fuite capillaire.
L’évolution suit trois phases :
– la phase fébrile, qui dure environ 3 jours, apparaît brutalement après une incubation moyenne de 5 jours et se caractérise par une forte fièvre, des céphalées intenses diffuses et rétro-orbitaires, des arthromyalgies, parfois accompagnées d’une première éruption à type de flush transitoire ;
– la phase critique, qui survient entre le 4e et le 6e jour alors que la fièvre disparaît, concerne une minorité de patients et se caractérise par une fuite plasmatique. Les[...]
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