Le terme “intelligence artificielle” semble aujourd’hui incontournable. Il est utilisé dans les congrès, dans les publications scientifiques, dans les discours industriels, parfois sans réelle précision quant à son contenu. Cette omniprésence crée une illusion de familiarité, mais dans les faits, beaucoup de médecins peinent à définir clairement ce qu’est l’intelligence artificielle, ce qu’elle fait réellement, et ce qu’elle est en mesure d’apporter à leur pratique. Il ne s’agit pas ici de devenir expert en data science, mais bien de disposer d’une grille de lecture critique pour comprendre les promesses et les limites de cette technologie. L’objectif de cet article est de proposer une clarification utile, à la fois technique et clinique, autour de ce concept pluriel qu’est l’intelligence artificielle appliquée à la dermatologie [1, 2].

Ce que l’IA n’est pas : les limites d’un outil

L’un des principaux malentendus autour de l’intelligence artificielle réside dans sa personnification. Contrairement à ce que suggère le terme, l’IA ne possède ni conscience, ni intuition, ni compréhension du contexte médical. Elle n’est pas un “médecin virtuel”. Elle fonctionne par extrapolation statistique, à partir des données sur lesquelles elle a été entraînée. Si ces données sont biaisées, par exemple en excluant les phototypes foncés ou certaines tranches d’âge, les résultats seront eux aussi biaisés. De plus, l’IA ne peut interpréter un symptôme dans sa globalité clinique, ni prendre en compte les émotions du patient ou les dimensions sociales de la maladie. Elle propose, mais elle ne décide pas. Le danger serait de croire qu’un score ou une image générée par un algorithme puisse se substituer[...]

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