
Urticaire chronique spontanée : perspectives thérapeutiques
L’urticaire chronique spontanée (UCS) est une pathologie fréquente qui a vu sa prise en charge révolutionnée depuis une dizaine d’années par l’arrivée de l’omalizumab. Les recommandations européennes successives proposent une prise en charge thérapeutique claire en trois paliers : antihistaminiques, omalizumab, ciclosporine. Il reste des besoins médicaux non couverts par l’omalizumab. La meilleure compréhension de la physiopathologie de l’UCS permet de définir de nouvelles cibles thérapeutiques et des molécules innovantes sont en cours de développement, telles que les inhibiteurs de tyrosine kinase de Bruton (remibrutinib, fenebrutinib), les anti-Siglec8 (lirentelimab) ou encore les inhibiteurs de C-kit (barzolvolimab, briquilimab).

Un purpura aigu du nourrisson… finalement bénin
Léa, âgée de 6 mois, est hospitalisée en urgence en pédiatrie en raison de l’apparition de novo depuis 24 h de lésions cutanées purpuriques ecchymotiques siégeant principalement en regard des faces convexes des joues et oreilles. Quatre autres lésions rondes purpuriques siègent de façon asymétrique sur le tégument.

Dermatite atopique : et s’il existait une dermatite de contact surajoutée ?
La dermatite atopique est une dermatose inflammatoire chronique fréquente. Rencontrée surtout chez l’enfant, mais également chez l’adulte, elle évolue par poussées. Son diagnostic est aisé dans la plupart des cas et essentiellement basé sur des critères anamnestiques et cliniques.
Cependant, chez un nombre non négligeable de patients, d’autres dermatites (inflammatoires, métaboliques, infectieuses, liées à un déficit immunitaire, voire néoplasiques) peuvent donner le change et induire le clinicien en erreur.
D’autre part, il n’est pas exceptionnel que la dermatite atopique se complique d’une dermatite allergique de contact qui, très souvent, peut passer inaperçue en raison de critères sémiologiques très proches et/ou d’applications de corticoïdes locaux qui laissent souvent évoluer la sous-jacente de manière insidieuse et à bas bruit. Il convient également de souligner que le patient atteint de DA est fortement sujet au développement d’une dermatite irritative de contact, en particulier au visage et au dos des mains.

Douleur neuropathique chronique sur cicatrice : traitement transdermique par capsaïcine
L’augmentation notable des cas de cancers de la peau entraîne une demande croissante de procédures chirurgicales dermatologiques non esthétiques. Bien que la chirurgie dermatologique ne soit pas décrite comme à haut risque, la douleur chronique post-chirurgicale (DCPC) en est une complication possible impactant la qualité de vie des patients. La DCPC est liée à des altérations traumatiques nerveuses survenant au cours de la chirurgie et à des phénomènes inflammatoires locaux pouvant conduire à un phénomène de sensibilisation centrale [1]. Les traitements classiques de la douleur neuropathique sont parfois insuffisants et peuvent être sources d’effets indésirables importants ou de mésusage. La capsaïcine à haute concentration transdermique, par son mode d’action et sa tolérance, constitue une alternative thérapeutique intéressante dans la prise en charge des DCPC en dermatologie.

Lichen scléreux génital chez la femme : mise au point
Le lichen scléreux vulvaire (LSV) est une dermatose inflammatoire chronique fréquente, touchant principalement la femme après la ménopause et la petite fille prépubère. Si elle est classiquement prurigineuse, il ne faut pas méconnaître les formes asymptomatiques.
Les aspects cliniques varient, mais on doit retenir l’aspect blanc nacré brillant caractéristique, auquel s’ajoutent – plus ou moins – fissures, hémorragies sous-épithéliales, pigmentation postinflammatoire, modifications architecturales. Le traitement repose essentiellement sur les dermocorticoïdes très forts, avec un traitement d’attaque quotidien, puis un traitement d’entretien de plusieurs mois au moins, souvent pendant des années. Le risque de carcinome épidermoïde est faible chez les patientes traitées et bien suivies.

Une dermatite prurigineuse thoracique et abdominale curieuse
En periode pré-estivale, des lésions cutanées, même si elles ne siègent pas au niveau des régions naturellement découvertes, peuvent évoquer des piqûres ou des morsures d’insectes. Chez les individus en âge de développer une leucémie lymphoïde chronique (LLC), de telles lésions doivent faire penser à une pseudo-réaction à piqûre d’insecte. Dans le cas présenté ci-dessous, les symptômes étaient en faveur d’une telle réaction. L’éruption, principalement dorsale, est survenue après plusieurs années d’évolution d’une LLC asymptomatique et indolente, n’ayant nécessité jusqu’alors aucun traitement. Cette pseudo-réaction à piqûre/morsure d’insecte a simplement nécessité un traitement local par des corticoïdes forts, à l’exclusion de toute corticothérapie par voie générale. Elle a disparu au bout de 6 mois. Le taux des lymphocites est resté au niveau des valeurs observées avant la survenue de l’éruption, sans anémie ni thrombopénie significatives.

Respect de l’environnement, comment adapter nos pratiques ?
La prise de conscience du dérèglement climatique, de l’augmentation de la pollution, de l’effondrement de la biodiversité est aujourd’hui bien réelle dans la communauté médicale et en particulier dermatologique. L’exercice de la médecine est lui-même générateur de gaz à effet de serre et de pollution. Nous proposons différentes pistes pour être plus écoresponsables au quotidien dans l’exercice de notre spécialité, des bâtiments aux prescriptions, en passant par les transports, les achats et la formation. Nous verrons également que diminuer notre impact environnemental génère des co bénéfices et permet de réaliser des économies au quotidien.

Point sur l’angiodermite nécrotique
L’angiodermite nécrotique (AN) est souvent considérée comme la 4e cause d’ulcère de jambe après les causes dites macrovasculaires (veineuse, artérielle et mixte). Sa fréquence est probablement sous-estimée car sous-diagnostiquée et source de fréquentes erreurs diagnostiques. Sa physiopathologie est en lien avec l’hypertension artérielle chronique et correspond histologiquement à une artériolosclérose des vaisseaux du derme. Sa prise en charge repose actuellement en première intention sur la greffe cutanée qui permet une antalgie rapide et souvent l’arrêt de la progression lésionnelle. Les mesures associées telles que l’antalgie efficace, le contrôle tensionnel et la compression en cas d’insuffisance veineuse associée sont indispensables.

Alopécie frontale fibrosante : mise au point
L’alopécie frontale fibrosante est une alopécie cicatricielle lymphocytaire primitive d’étiologie encore inconnue, mais probablement déclenchée par des facteurs environnementaux chez des sujets prédisposés génétiquement.
Le diagnostic est souvent facile se basant sur la clinique et la dermoscopie mais le traitement n’est toujours pas codifié.
Cette condition a un impact psychosocial significatif, en particulier chez les femmes, surtout lorsqu’elle revêt une forme sévère. De nouvelles avancées dans ce domaine permettront dans le futur d’améliorer le pronostic fonctionnel et esthétique pour les patients souffrant de cette alopécie cicatricielle.

Intérêt de la dermoscopie péri-unguéale dans le phénomène de Raynaud
Tout phénomène de Raynaud nécessite un bilan étiologique, dont une capillaroscopie, afin de rechercher une microangiopathie organique spécifique, pouvant s’observer notamment lors de la sclérodermie systémique. Cependant, cet examen n’est pas toujours rapidement accessible. Par ailleurs, le phénomène de Raynaud est primitif dans 80-90 % des cas : la capillaroscopie sera alors normale. La littérature met bien en évidence que l’examen dermoscopique péri-unguéal, facilement réalisable, même pour un dermatologue non habitué, permet d’éliminer une microangiopathie spécifique et donc de remplacer la capillaroscopie. En revanche, la dermoscopie reste un mauvais examen pour dépister des anomalies capillaires : la capillaroscopie garde ici toute sa place.