Actualités sur les stomatodynies

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Les stomatodynies sont des douleurs buccales qui ne sont pas liées à un problème muqueux. L’examen est donc normal ou ne montre pas de lésion pouvant expliquer ces douleurs. Habituellement, ce sont des glossodynies, c’est-à-dire qu’elles sont localisées uniquement à la langue, mais les sensations peuvent être perçues dans d’autres localisations buccales, et même atteindre les lèvres et la région péribuccale. Les sensations ne sont pas toujours des douleurs : il peut aussi s’agir de sensations de picotements, de brûlures, de décharges électriques ou même de prurit.

Les stomatodynies sont liées à un problème nerveux, au sens large du terme. Leur physiopathologie est discutée, parfois de manière polémique : neuropathie ? dépression masquée ? les deux ? Pour tenter de trancher, nous avions réalisé une étude recherchant des éléments en faveur d’une douleur avec l’échelle DN4 et des signes de dépression ou d’anxiété avec l’échelle HAD. La vérité n’est certainement pas univoque puisqu’un tiers des patients avait une douleur neuropathique et un autre tiers des troubles psychiques, les deux populations pouvant d’ailleurs se superposer [1].

Pourtant, la sémiologie est assez uniciste dans la mesure où les stomatodynies augmentent d’intensité au cours de la journée, sont calmées par les repas et aggravées par le stress. Elles sont plus fréquentes chez la femme, surtout après la ménopause. Des troubles du goût (dysgueusie, agueusie) ou une sensation de bouche sèche peuvent être associés. L’intensité des symptômes peut aller d’une simple gêne à des douleurs insupportables et envahissantes.

Selon les études, la prévalence varie de 0,1 à 3,9 %. Causes possibles, l’anxiété et surtout la dépression peuvent aussi être des conséquences car le retentissement sur la qualité de vie peut être important. Alors que l’on admettait que la stomatodynie était volontiers associée à d’autres douleurs chroniques mal expliquées, il semble que cela ne soit pas le cas, selon une revue systématique récente [2].

Si l’examen buccal est normal, le diagnostic différentiel ne peut se discuter qu’avec d’autres neuropathies (topographie évocatrice, avec en particulier les névralgies dentaires et les névralgies du trijumeau) ou avec le bruxisme (douleurs du bout de la langue et mouvements inconscients de l’appareil manducateur, surtout pendant le sommeil, conduisant à une usure des dents caractéristique).

Si la recherche physiopathologique est de plus en plus active, il en est de même pour la recherche thérapeutique et une revue Cochrane vient de faire le point [3], mais en incluant seulement les études comparant une intervention à un placebo, soit 23 études. Aucun traitement n’avait d’effet clairement favorable. Avec un niveau de preuve qualifié de très bas, le clonazépam topique (dont la prescription est[...]

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À propos de l’auteur

Service de Dermatologie, CHRU, BREST. Laboratoire Interactions Epithéliums Neurones, LIEN, Université de BREST.