Mélanonychie fongique : à propos d’un cas

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  1. Observation
  2. Discussion

La mélanonychie se définit comme une coloration brun-noir de l’ongle. La pigmentation peut être diffuse ou en forme de bande, réalisant une mélanonychie longitudinale. La mélanonychie longitudinale, qui est une pigmentation linéaire verticale de la tablette et/ou du lit de l’ongle, fait souvent redouter un mélanome unguéal. Elle est fréquemment d’origine mélanocytaire soit par activation (mélanonychie ethnique, de frottement), soit par prolifération bénigne (lentigo, nævus) ou maligne (mélanome in situ) des mélanocytes [1]. Plus rarement, il s’agit d’une origine mycosique [2].

Il est important que les mélanonychies fongiques soient identifiées par le dermatologue, de façon à éviter la pratique de biopsies unguéales. À travers une observation clinique de mélanonychie longitudinale fongique, nous nous proposons de discuter les différentes caractéristiques de cette forme clinique rare d’onychomycose.

Observation

Il s’agit d’un homme maghrébin âgé de 55 ans, sans antécédents pathologiques notables. Celui-ci rapporte l’apparition, depuis 1 an, d’une pigmentation de la tablette unguéale du gros orteil gauche (fig. 1a), qui paraît stable depuis. Il ne se souvient pas des circonstances d’apparition de la pigmentation. Il n’a pas été rapporté de notion de traumatismes répétés majeurs ou mineurs. Aucune prise médicamenteuse n’a été retrouvée, ni d’anomalies anciennes des ongles.

L’examen clinique du gros orteil gauche a retrouvé une hyperkératose sous-unguéale, une perte de la transparence de la tablette unguéale avec une coloration jaunâtre. Une mélanonychie longitudinale, noirâtre, homogène, médiane de 2 mm de largeur a été notée. Cette pigmentation concernait la partie la plus superficielle de la tablette unguéale (fig. 1b). La bande mélanonychique paraissait plus large en distal qu’en proximal. À l’examen des autres orteils, une hyperkératose sous-unguéale modérée, associée à quelques stries transversales, a été retrouvée. Une kératodermie plantaire bilatérale était associée. Le reste de l’examen clinique était sans particularité.

Devant ce tableau clinique, un prélèvement mycologique a été pratiqué. L’examen direct réalisé par observation microscopique de fragments d’ongle entre lame et lamelle, dans une goutte de noir chlorazole, a montré la présence de filaments mycéliens. La culture réalisée sur milieu de Sabouraud a mis en évidence un Trichophyton rubrum (T. rubrum) nigricans (fig. 2). Le patient a été traité par terbinafine, à raison de 250 mg[...]

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À propos de l’auteur

Professeur agrégé au service de Dermatologie, Hôpital La Rabta, Tunis, Tunisie.